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Bonjour, c'est «A l’Est du nouveau», ainsi que nous avons baptisé la newsletter hebdomadaire de Kometa. Des récits et des photos, chaque jeudi dans votre boîte mail. 

Un slam improvisé à Budapest, des femmes avec ou sans voile à Téhéran, un vote détourné en Pologne, au Kazakhstan ou en Allemagne… le printemps s'ouvre dans un monde où la contestation prend 1001 formes.

Nos précédentes éditions sont ici. Si vous aimez, n'hésitez pas à partager!

Pierre et Silouane de Kometa


Le slam qui a changé sa vie (et la Hongrie)

Lili Pankotai dans le métro de Budapest (novembre 2023) | © Szabolcs Barakonyi

En 2010, Lili a 6 ans. Elle est née à Mohács, sur les bords du Danube. Elle vit à Pécs, une ville un peu plus grande et plus à l’Ouest. Cette année-là, Viktor Orbán, premier ministre de 1998 à 2004, revient au pouvoir. Mais Lili ne fait pas de politique. Du moins, pas encore.

Douze ans plus tard, Lili, 18 ans, fait ses études dans un pensionnat catholique de Pécs. Elle reçoit de plein fouet l’éducation à la Orbán — qui est toujours là. En avril 2022, son parti, le Fidesz, a de nouveau remporté les élections. Pendant ce temps, son ami Vladimir Poutine vient de lancer son invasion à grande échelle de l’Ukraine. Les jeunes Russes n’ont connu que Poutine. Les jeunes Hongrois comme Lili n’ont connu qu’Orbán.

Sans vraiment le savoir, ni le prévoir, la fille de Pécs va entrer en politique. Et sa vie va changer.

Le 23 octobre 2022, Budapest commémore l’insurrection anti-soviétique de 1956. Pour la jeunesse hongroise, c’est l’occasion de protester contre le contrôle de plus en plus marqué du pouvoir sur le système d’éducation — licenciements des enseignants grévistes, manuels scolaires nationalistes, prohibition de toute référence à l’homosexualité, etc. — et plus largement de contester la politique liberticideb et anti-migrants d’Orbán. Populaire à travers le pays pour son discours protectionniste et traditionaliste, il est loin du compte face à une jeunesse en mal d’avenir.

Dans la nuit, Lili rédige un texte qui dézingue Orbán, ses amis, son monde et leurs valeurs. Elle le slame devant les étudiants. Citations: «Douze ans d’amitié avec Poutine pourraient aller à la poubelle / Mais les prix de l’énergie sont plus importants que l’Europe [...] Cela me fait mal de voir que les jeunes d’aujourd’hui / Qui se battent pour eux-mêmes et leurs professeurs / Qu’on dise d’eux qu’ils sont des putains de libéraux [...] Tu penses / Que vous pouvez effacer la pensée / Mon cul.» Et puis ces mots, qui vont faire le tour du pays: «Que tu le croies ou pas / Je suis et nous sommes le présent / Ainsi que ce putain d’avenir». Elle va en payer le prix.

Ce slam est devenu un récit, ce récit une série, ces mots un titre: pour son 2e numéro (toujours en librairie), Kometa a proposé à Lili Pankotai de raconter ses combats et leurs conséquences au jour le jour. Un journal publié cette semaine sur notre site, en deux parties (la première en libre accès), à lire avec son témoignage sur la guerre en Ukraine vue de Hongrie. Pendant qu’Orbán espère la victoire de Poutine et la réélection de Donald Trump, ce carnet de notes très vif et émouvant donne à voir une autre Hongrie, non pas solidaire de Poutine mais des Ukrainiens, et qui sait fêter la Gay Pride, à Pécs comme à Budapest.


La photo de la semaine

Une jeune fille iranienne, cheveux au vent, fait ses courses dans la zone commerciale de Tajrish à Téhéran, le 27 avril 2023 | © Maryam Rahmanian

Téhéran, avril 2023. Une jeune Iranienne, en plein milieu d’une zone commerciale. Les yeux fermés, le visage tourné vers la lumière, l'air apaisé, profitant du soleil, la jeune femme n'a ni masque, ni voile. Prise par la photographe Maryam Rahmanian, cette image accompagne la correspondance entre la romancière iranienne Nasim Vahabi et l’écrivain russe Mikaïl Chichkine, à lire dans notre 2e numéro «Liaisons dangereuses» et sur notre site.

Ce 20 mars, de nombreuses communautés, iraniennes, afghanes, kurdes ou encore azéries ont fêté Norouz, le Nouvel An persan qui célèbre le premier jour du printemps. Un renouveau qu’incarne cette image, symbole des femmes iraniennes qui ne se cachent plus malgré la répression.


A lire ce week-end

Le «Midi contre Poutine» des exilés Russes: venir au bureau de vote à heure fixe, raturer le bulletin, choisir un autre candidat, ou même s’abstenir... alors qu’en l’absence d’opposition le président russe vient d’être réélu avec 88% des voix, cinq jeunes exilés expliquent le sens, à l'étranger, de l'opération lancée par Ioulia Navalnaïa, la veuve d’Alexeï Navalny.


Ann-Marie vous recommande

Journaliste réseaux sociaux de Kometa, Ann-Marie vous propose de découvrir l’album «Ghosts» de la musicienne polonaise Hania Rani.

Couverture de l’album «Ghosts» de Hania Rani | © Gondwana Records

Elle est sans doute la plus grande pianiste polonaise depuis Frédéric Chopin. Née en 1990 dans la ville portuaire de Gdansk, Hania Rani est aujourd’hui une artiste incontournable de la scène néo-classique. Sa musique épurée est un mélange savant d’influences électroniques, jazz et classique, qui nous transporte dans un autre monde, à l’image des sons féériques de Yann Tiersen ou d’Ólafur Arnalds. Ce dernier à part ailleurs enregistré avec Hania Rani le morceau «Whispering House» figurant sur son nouvel album.

Artiste déjà multiprimée, Hania Rani a reçu en début d’année le prix culturel polonais «Paszport Polityka» dans la catégorie musique populaire et a enregistré pour la radio publique américaine NPR un mythique «Tiny Desk Concert». Pour qui souhaite la découvrir sur scène, elle sera en tournée en France en novembre 2024.


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A propos de Kometa

À l’origine de Kometa, une envie: comprendre le monde en allant voir là où il bouge. On ironise parfois sur ces Américains qui ne savent pas placer Paris ou Bruxelles sur une carte d’Europe, mais l’invasion russe de l'Ukraine a révélé notre méconnaissance d’une partie entière de notre continent.

Tous les trois mois dans une belle revue papier de 208 pages, chaque semaine dans ses newsletters et tous les jours sur son site, Kometa propose des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées pour saisir ce que nous n’avons pas vu se lever à l’Est. En révéler la richesse, les talents et l’incroyable complexité.

L'agenda

du 23 au 24 mars

Le Doc en scène, Montreuil

La première édition du Doc en Scène !, un festival théâtral documentaire et pluridisciplinaire, est dédiée au soutien à la création artistique ukrainienne et aux artistes anti-guerre russes. Kometa est partenaire de l’événement. Vous y retrouverez notre revue en vente sur place.


le 28 mars à 14h

Les Assises du journalisme avec Kometa, Tours

Perrine Daubas, directrice générale de Kometa, et Pierre Benetti, rédacteur en chef du Web, participent à l’atelier «Ils ont créé leur média cette année» des Assises du journalisme.


le 3 avril à 21h

Un minibus en Ukraine… et à la Maison de la poésie, Paris

Après avoir voyagé ensemble en Ukraine, l’écrivain Emmanuel Carrère, les chercheurs Tetyana Ogarkova et Volodymyr Yermolenko et le reporter David Rieff racontent leur road-trip, font une lecture de leurs textes et débattent avec Léna Mauger. Prenez vite votre place:

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