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Bonjour, c’est Kometa. Aujourd'hui pour vous faire rire ou sourire. Suivant en cela le conseil de la veuve d'Alexeï Navalny qui n’a pas dit autre chose aux députés européens la semaine dernière, s'ils veulent vaincre Poutine.

Découvrez le plus drôle des écrivains soviétiques, Sergueï Dovlatov, hélas plus de ce monde. Nous publions en exclusivité (mais avec l’accord de son éditeur!) une de ses nouvelles, Les chaussures du maire

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Cessez d’être ennuyeux!

Le 8 juin 2016, des têtes de Lénine décapitées dans un coffre de voiture à Kryvyi Rih, la ville natale de Volodymyr Zelenski, ancien comique devenu président de l'Ukraine |  © Niels Ackermann / Lundi13

Aussi incroyable que cela puisse paraître, les services du Parlement européen ont délicatement omis, dans leur compte-rendu en 24 langues du discours de Ioulia Navalnaïa, les trois mots les plus intéressants.

Et devinez quoi: ces trois mots étaient une critique frontale des députés européens par la veuve de feu le principal opposant russe.

«Cessez d’être ennuyeux!» leur a-t-elle lancé le 28 février, si vous voulez vraiment battre Poutine. Elle s’est exprimée en anglais: «If you really want to defeat Putin, you have to stop being boring».

Humour et dictatures

Ennuyeux, les députés européens, les institutions européennes? Difficile de lui donner tort. Alexeï Navalny, lui, maniait l’humour mordant, même quand il révélait de colossaux cas de corruption en Russie. Pour vous en convaincre, il suffit de voir ou de revoir son film sur le palais de Poutine au bord de la mer Noire (ici en version française sous-titrée).

L’humour peut-il abattre des dictatures? C’est ce que prétend le Serbe Srdja Popović, qui a contribué en 2000 à la chute de Slobodan Milošević. «Si vous voulez qu'un mouvement citoyen se développe rapidement, l'humour est une meilleure stratégie que la colère», dit-il. Popovic a même inventé un mot: «laughtivism», contraction de laugh (rire) et d’activisme.

Rira bien qui rira le dernier

De fait, son mouvement, Otpor, a commencé par une blague. Lui et ses compères ont installé dans la grande rue piétonne de Belgrade un baril de pétrole orné d’un portrait de Milošević et cette phrase: «Cassez-lui la gueule pour seulement un dinar». A côté: une batte de baseball. Les activistes se sont éloignés et ont filmé les passants qui faisaient la queue pour mettre une pièce dans la fente, s’emparer de la batte et exprimer leurs sentiments à l'égard du président en riant aux éclats. La police est intervenue, mais n'a rien pu faire d'autre que de traîner le tonneau de Milošević au loin. Ces images ont fait le tour du monde.

«Ce sera un rire qui vous enterrera», aurait lancé l’anarchiste russe Mikhaïl Bakounine au siècle dernier, alors qu’il galvanisait les ouvriers suisses ou italiens. Pour l’heure, c’est Navalny qui est enterré et Poutine qui rigole. Cela pourrait changer. «Tout ce qui ridiculise le régime sert à saper l’idée qu’il est infini, irrésistible, inéluctable», affirme l’historien britannique Mark Galeotti dans son podcast «In Moscow’s shadows» (épisode 136). Il ajoute que l’humour contre le Kremlin a cet immense avantage de traiter les citoyens russes en alliés, en otages de Poutine plutôt que comme ses complices. Utile pour les gagner à la cause et qu’ils se retournent un jour contre lui. Et de conclure: «Avez-vous déjà vu quiconque être séduit quand on lui dit qu’il est méprisable?»

Serge Michel


Exclusif: une nouvelle de Sergueï Dovlatov

Ce sont bien les chaussures du maire de Léningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg) qui se sont retrouvées dans la valise du journaliste et écrivain Sergueï Dovlatov quand il dut quitter l'URSS en 1978 pour New York. Comment? Vous le découvrirez dans cette nouvelle qui fait partie de son recueil «La Valise». Aucun de ses livres n'avait reçu la permission d'être imprimé dans le pays et la seule fois où il avait été autorisé à prendre la parole en public, son discours a plié en deux la salle de rire. C'en était fait de lui. Durant les années 1980, ses livres sont entrés clandestinement en URSS, Dovlatov est devenu un auteur fétiche, immensément populaire. Il n'a pas pu s'en réjouir longtemps, il est décédé en 1990 à 48 ans, probablement d'avoir mené une vie aussi peu raisonnable que celle des personnages de ses livres. Joseph Brodsky a dit de lui: «Il est le seul écrivain russe dont les œuvres sont lues jusqu'au bout». Faites pareil! Une maison d'édition suisse, La Baconnière, entreprend de rééditer tous ses livres: déjà sept au catalogue.


La photo de la semaine

À Odessa, une statue de Lénine a pris les traits de Dark Vador (novembre 2015).  |  © Niels Ackermann / Lundi13

En 2015, l’artiste ukrainien Alexander Milov a fondu la tête de Lénine pour la remplacer par un masque de Dark Vador. Il ajoute à la statue une cape en alliage et même… un routeur wifi (caché dans la tête du Seigneur noir). Voilà Lénine transformé en hotspot public.

La même année, le photographe suisse Niels Ackermann tombe sur cette drôle de statue. Pendant deux ans, accompagné du journaliste français Sébastien Gobert, il parcourt l’Ukraine post-Maïdan à la recherche des vestiges de Lénine. Du recueil de témoignages contrastés et des destins très différents des statues du père de la révolution bolchévique est né un livre en 2017: Looking for Lenin (éditions Noir Sur Blanc). Le portfolio de Niels Ackermann illustre la nouvelle de Sergueï Dovlatov sur notre site.


Dans l’espace, du nouveau?

Vous avez sans doute vu passer l’info: Reporters sans Frontières vient de lancer Svoboda, un bouquet satellitaire de chaînes de télévision et de radio qui diffuse une information libre et indépendante en Russie, au Bélarus et dans les territoires occupés d’Ukraine. Animées depuis l’Europe, les émissions, pour l’instant en russe, passent par des satellites et contournent le système de censure.

Aussi dans l’espace, les cartes du géographe et écrivain Cédric Gras se penchent sur la diplomatie du cosmos: comment coopérer là-haut, quand sur Terre, on se fait la guerre? Une «Carte Blanche» à découvrir dans notre 2e numéro, «Liaisons dangereuses».

Double-page de la «Carte Blanche» dans notre second numéro «Liaisons dangereuses» | © Kometa

Pierre, de Kometa, vous recommande… 

En exclusivité (et en libre-accès), Kometa publie les bonnes feuilles d’un livre écrit pendant le siège de Sarajevo, et traduit en français trente ans après: Sarajevo Blues, de l’écrivain bosnien Semezdin Mehmedinović, qui sort en librairie aujourd’hui. Une plongée dans le quotidien absurde de la guerre, où la douleur est soignée à coups de comique.


Kometa recrute!

Nous recherchons un directeur/une directrice du développement qui aura pour mission de développer l’audience et les ventes de notre média sur tous les canaux (revue, site et newsletter).

Pour en savoir plus, rendez-vous ici.


À lire ce week-end 

  • Je vous écris de… Jaipur: l’écrivaine franco-indienne Shumona Sinha raconte, derrière les mondanités du Jaipur Littérature Festival, la violence et les espoirs de l'Inde à quelques semaines des élections législatives

A propos de Kometa

À l’origine de Kometa, une envie: comprendre le monde en allant voir là où il bouge. On ironise parfois sur ces Américains qui ne savent pas placer Paris ou Bruxelles sur une carte d’Europe, mais l’invasion russe de l'Ukraine a révélé notre méconnaissance d’une partie entière de notre continent.

Tous les trois mois dans une belle revue papier de 208 pages, chaque semaine dans ses newsletters et tous les jours sur son site, Kometa propose des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées pour saisir ce que nous n’avons pas vu se lever à l’Est. En révéler la richesse, les talents et l’incroyable complexité.

L'agenda

Jusqu'au 12 mars

Cycle de films au mahJ avec Kometa

Au musée d’art et d’histoire du Judaïsme, le cycle de films «Une mémoire inquiète» explore les représentations du fait juif dans les films produits en Hongrie, Pologne et Tchécoslovaquie au lendemain de la Shoah. Un événement dont Kometa est partenaire.


Du 8 au 17 mars

Débats au Festival FIFDH, Genève

Au Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève, deux débats animés par Serge Michel sur l'Iran et le Bélarus. Pour découvrir le programme de cette 22ᵉ édition:


11-12 mars

Dialogues européens de l’Institut français avec Kometa, Varsovie

L’Institut français organise dans plusieurs pays de l’UE un cycle de débats sur les bouleversements en Europe engendrés par la guerre en Ukraine. Léna Mauger, rédactrice en chef de Kometa, participe à la discussion «Écrire la guerre», à Varsovie.


28 mars

Assises du Journalisme à Tours

Perrine Daubas, directrice générale et confondatrice de Kometa, et Pierre Benetti, rédacteur en chef adjoint Web, seront présents aux Assises internationales du journalisme et de l'information pour discuter de...

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