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Bonjour, c’est Kometa. Cette semaine, le militant des droits de l’homme Wu’er Kaixi nous écrit de Taïwan. Il alerte sur les menaces qui pèsent sur son pays en les comparant avec la situation de l’Ukraine.

Après l’Asie, retour en Europe. Le 8 février, nos auteurs sont les invités du Grand Débat organisé à Lausanne par Payot Libraire et les éditions Noir sur Blanc au Théâtre de Vidy, autour de notre 2e numéro «Liaisons dangereuses», désormais en librairie.

La semaine se poursuit avec le portfolio du photographe ukrainien Kostyantyn Chernichkin, «Le manoir pillé du procureur», sur notre site.

Une lettre de Taïwan: «Nous savons qu’un jour peut-être, comme les Ukrainiens, on devra faire la guerre»

Un tunnel militaire dans les îles Matsu, avant-poste de Taïwan vers la Chine et première ligne d'une guerre potentielle entre Taipei et Pekin, 2022 | © Alessandro Gandolfi /  Parallelozero

La semaine dernière, l’écrivaine libanaise Dominique Eddé nous écrivait depuis Beyrouth. Aujourd’hui, découvrez la lettre de Wu’er Kaixi, ancien leader étudiant de la place Tian’anmen et secrétaire général de la commission des droits humains au parlement de Taïwan. Dans notre rubrique «Je vous écris de…», il raconte un autre genre de «liaisons dangereuses»: celles qui unissent un pays en guerre à un pays qui s'y prépare.

De même que la Russie présente l’Ukraine comme un État artificiel qui devrait lui revenir, la Chine ignore l’histoire propre de Taïwan et n’entend pas laisser l’archipel en dehors de son escarcelle. Et de même que les Ukrainiens consolident leur nation dans le conflit, les Taïwanais s'attendent à être en guerre avec la Chine. Pendant que les combats se poursuivent en Ukraine, les navires de guerre et avions chinois sont de plus en nombreux autour de Taïwan. Le 13 janvier, Lai Ching-te, candidat du Parti démocrate progressiste, est arrivé en tête de l’élection présidentielle. Comme Zelensky face à la Russie, il prône l’autonomie vis-à-vis de la Chine.

Pourtant, jusqu’à il y a peu, les Taïwanais pouvaient voir l’Ukraine comme un complice de la Chine, à qui elle vendait des armes. Désormais, Taïpei se voit en miroir de Kyiv. Pour comprendre ces liens, Wu’er Kaixi lui-même s’est rendu en Ukraine, afin de voir de ses propres yeux un pays mobilisé contre l’envahisseur… et se préparer lui-même à subir la guerre de la Chine.

À la fois taïwanais, chinois et ouïghour, le militant n’est pas du genre à plier devant la peur, ni à choisir l’une de ses identités contre les autres. En 1989, il manifestait déjà sur la place Tien’anmen et interpellait le premier ministre en direct. Trente cinq ans après, il en appelle au courage face à la Chine: «Je sais que la plus grande crainte des tyrans, c’est d’avoir en face d’eux des gens courageux. Donc le meilleur moyen d’avancer, c’est de ne pas avoir peur. Personne ne veut la guerre, mais le meilleur moyen de l’éviter, c’est d’être prêt.» 

L’intégralité de sa lettre est à retrouver dans notre n°2, «Liaisons dangereuses», et sur notre site pour nos abonnés.


Le grand débat de Kometa

Le 8 février, venez participer au Grand débat autour de «Liaisons dangereuses». Au programme, une présentation de notre 2e numéro par Serge Michel, co-fondateur et directeur de la publication de Kometa, rejoint par plusieurs autrices et auteurs. 

Salomé Kiner signe dans ce numéro «Pour le meilleur et contre l’Empire», l’un de nos grands récits. A Lausanne, elle anime une table ronde autour d’une question de mémoire et de politique: à l’Est, la Seconde Guerre mondiale est-elle vraiment terminée?

Pour y répondre, l’écrivain bélarusse Sacha Filipenko nous parlera de son travail. Avant un entretien avec lui à venir sur notre site, vous pouvez déjà découvrir en libre-accès les bonnes feuilles de son nouveau roman, Kremulator (traduit par Marina Skalova, Noir sur Blanc, 2024). Dans notre 2e numéro, il propose, depuis son exil en Suisse, un voyage à Minsk, sa ville natale qui lui est devenue inaccessible. Avec lui, l’historienne ukrainienne Vira Ostapchuk, spécialiste de la Seconde guerre mondiale et professeure à Odessa, et l’historien et traducteur Georges Nivat, grand connaisseur de Soljenitsyne.

L’écrivain russe Mikhaïl Chichkine, auteur de La paix ou la guerre (Noir sur blanc éditions, traduit par Odile Demange, 2023), présente l’échange épistolaire qu’il a mené avec la romancière iranienne Nasim Vahabi (Je ne suis pas un roman, Tropismes Editions, 2022). D’un pays à un autre, les deux écrivains découvrent des points communs entre leurs expériences des contraintes de la censure et des espoirs de la littérature. 

Enfin, la romancière et activiste iranienne Aliyeh Ataei évoquera son premier roman paru en français, La frontière des oubliés (Gallimard, traduit par Sabrina Nouri, 2023). 

Une séance de dédicace et un apéritif viendront conclure l’événement. Pour participer, réservez votre place!


Les Grands Débats autour de la revue Kometa, un événement organisé par Payot Libraire et les éditions Noir sur Blanc, le jeudi 8 février, à 19h, au Théâtre de Vidy-Lausanne


Le procureur, son manoir et leur photographe

Les milices d’autodéfense (en haut) se sont emparées de la maison du procureur au lendemain de sa fuite, le 22 février 2014. Elles l’accusent d’avoir autorisé la police à tirer sur la foule de la place Maïdan, faisant une centaine de morts. Le gardien de la maison ici en novembre 2015 (en bas), n’a pas réussi à empêcher les pillards de vider la demeure en six mois | © Kostyantyn Chernichkin

En 2014, le procureur Viktor Pshonka, à la tête de la justice ukrainienne, couvrait les exécutions d’opposants et des militants pro-européens. Au lendemain de la révolution de Maïdan, il fuit le pays pour la Russie. Sa villa, située à quelques dizaines de kilomètres de Kyiv, est pillée de fond en comble.

Le photographe ukrainien Kostyantyn Chernichkin a documenté l’avant et l’après, en février 2014, puis en novembre 2015. Ces images sont déjà des archives. Un portfolio à retrouver sur notre site et dans notre 1er numéro.

A propos de Kometa

À l’origine de Kometa, une envie: comprendre le monde en allant voir là où il bouge. On ironise parfois sur ces Américains qui ne savent pas placer Paris ou Bruxelles sur une carte d’Europe, mais l’invasion russe de l'Ukraine a révélé notre méconnaissance d’une partie entière de notre continent.

Tous les trois mois dans une belle revue papier de 208 pages, chaque semaine dans ses newsletters et tous les jours sur son site, Kometa propose des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées pour saisir ce que nous n’avons pas vu se lever à l’Est. En révéler la richesse, les talents et l’incroyable complexité.

L'agenda

Du 26 janvier au 23 mars

EXPOSITION DE NOS PHOTOGRAPHES ELENA SUBACH ET SASHA KURMAZ À BRUXELLES

Elena Subach, photographe ukrainienne dont les images ont illustré notre récit «Un soldat Russe dort dans ma maison», et Sasha Kurmaz dont le travail documente les traces de la guerre en Ukraine, exposent leurs photographies au Hangar à Bruxelles. L'exposition «Generations of Resilience» s'inscrit dans le cadre du PhotoBrussels Festival et réunit les images de 22 photographes ukrainiens et ukrainiennes.


8 février

RENCONTRE AVEC KOMETA AU THÉÂTRE DE VIDY - LAUSANNE

Nos auteurs et autrices racontent leur travail et débattent autour des «Liaisons dangereuses». Avec notamment l'écrivain russe Mikhaïl Chichkine, la romancière franco-russe Salomé Kiner, l'écrivain bélarusse Sacha Filipenko et l'iranienne Aliyeh Ataei. En partenariat avec les librairies Payot, les éditions Noir sur Blanc et le Théâtre de Vidy. Pour vous inscrire, suivez le lien «En savoir plus».


Du 9 février au 9 juin

Exposition photo «Ukraine, vision(s)» à la Gaîté Lyrique

Le collectif français MYOP invite les auteur·es de PEN Ukraine à créer un dialogue entre textes et images autour de l’Ukraine contemporaine. Photographie documentaire et littérature en résistance se mêlent dans ce projet réalisé avec le soutien de l'Institut ukrainien. Une exposition en accès libre et dont Kometa est partenaire.

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