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Bonjour, c'est Kometa. Il y a des moments où tout converge et rend difficile de tenir en quelques lignes. C'est aujourd'hui le 20e anniversaire de la «révolution des roses» en Géorgie, qui a porté au pouvoir Mikhaïl Saakachvili: nous avons publié la semaine dernière la lettre qu'il nous a écrite de sa prison.

Cette semaine, c'est aussi le lancement du site de Kometa, où nous avons démarré la publication du «Roman géorgien» d'Emmanuel Carrère, un chapitre par jour. Vous y trouverez progressivement le contenu de la revue, mais aussi des contenus exclusifs en ligne. Ci-dessous, un petit guide pour ce site qui était une promesse des premiers jours de Kometa.

Cette semaine encore, c'est le festival Week-end à l'Est, dont nous sommes partenaires. 40 auteurs et écrivains géorgiens ont débarqué à Paris. Expositions, conférences, projections, concerts: voilà un extraordinaire concentré d'un pays d'une folle créativité, qui tente de s'affranchir de la Russie.

Les éditions précédentes de cette newsletter sont ici. Votre revue vous attend chez votre libraire, et pour les abonnements, c'est par ici (nouveau site). Si vous aimez, transférez ce mail à vos proches.


Une farce, dans le bureau de Jacques Chirac

Dans la vallée de Pankissi, dans au nord-est de la Géorgie, de jeunes Tchétchènes sans-papiers vivant dans un camp de réfugiés jouent avec des armes factices. | © Daro Sulakauri

Début du deuxième chapitre de «Un roman géorgien» (le premier a été publié en ligne hier). L'écrivain Emmanuel Carrère est parti rendre visite à sa cousine Salomé Zourabichvili, présidente de la Géorgie. Elle lui raconte son embauche comme ministre des affaires étrangères par le président de l'époque, l'étonnant Mikhaïl Saakachvili, avec la bénédiction du président français de l'époque, Jacques Chirac.


Dans la cuisine

Si surprenant que ce soit, et alors que j’ai quand même pas mal voyagé, particulièrement dans les pays de l’Est, j’ai attendu l’âge de 64 ans pour me dire que l’heure était venue de découvrir la terre de mes ancêtres et me retrouver, un soir de novembre 2022, accoudé avec Salomé à la table de sa cuisine, dans sa jolie maison de Sololaki – le plus ancien quartier de Tbilissi, autrefois décati et insalubre, aujourd’hui en voie de gentrification. Il n’y a pas de lobio – «Je t’en ferai la prochaine fois», dit-elle – mais de bons plats géorgiens sortis du frigo, qu’elle fait réchauffer au micro-ondes. Ça doit faire bien vingt ans qu’on ne s’est pas vus, elle s’est un peu tassée, mal au dos, mais elle a toujours ses yeux gris au laser, sa voix profonde et cette ossature nettement marquée qui était celle de sa mère, Zeïnab, et aide à bien vieillir. Quand elle me demande sur quoi au juste je compte écrire, car je lui ai dit que je venais faire un reportage, je réponds sincèrement qu’à vrai dire je ne sais pas trop. Un peu sur notre famille. Un peu sur Lermontov parce que Un héros de notre temps, qui est un de mes romans préférés, se passe à la frontière de la Russie et du Caucase. Un peu sur les Russes qui depuis le début de la guerre franchissent par centaines de milliers cette frontière. Et puis un peu sur elle: ma cousine présidente, et pas de n’importe quel pays, d’un pays que Vladimir Poutine a tenté d’envahir il y a quinze ans, dont il a déjà bouffé un cinquième, et qui, après l’Ukraine, est peut-être le prochain sur la liste, c’est un sujet qu’il serait dommage de rater, non? «C’est vrai, ça, ce serait dommage.» Elle rit, même s’il n’y a pas vraiment de quoi rire, puis: «Écoute, je pars demain à 6 heures du matin pour Cardiff parce que l’équipe de rugby géorgienne joue contre le pays de Galles. On est assez bons en rugby, c’est important. Je rentre dans trois jours, en attendant tu n’as qu’à t’installer à la maison, mais on peut commencer. Tu veux qu’on commence où ?»

La suite est à lire en ligne ici (ou dans notre premier numéro, les achats à l'unité sont ici).


«Les années sauvages de Tbilissi m'ont rendue forte»

Nana Ekvitimishvili. Photo: Irma Shakiradze

Elle n’a que 13 ans lorsque s’effondre le pays où elle est née, l’Union soviétique. Nana Ekvitimishvili, la marraine de l'édition 2023 du festival Week-end à l'Est, vivra ainsi à Tbilissi, en Géorgie, une adolescence marquée par la circulation et l’usage des armes à feu. Cela a nourri son premier long-métrage, «Eka et Natia, chronique d’une jeunesse géorgienne». C’est aussi l’expérience de son personnage, Lela, dans son premier roman qui vient de paraître en français, «Le verger de poires», sélectionné pour le Booker Prize International. Nous évoquons avec elle cet espace-temps surréel. Nana Ekvitimishvili écrit actuellement son deuxième roman et travaille à plusieurs longs-métrages, ancrés en Géorgie et en Allemagne.

Programme complet du festival, ici.



Découvrez Kometa en ligne

C’était la promesse de notre première newsletter, le 11 mai: «quatre fois par an dans une revue imprimée qui gardera la mémoire de cette époque et tous les jours sur son site, Kometa mobilisera des autrices et auteurs de l’Est et de l’Ouest.» Après le premier numéro de la revue, en librairie depuis le 11 octobre, nous sommes heureux de vous annoncer la sortie de notre site. Vous y trouverez le contenu de la revue, publié progressivement en ligne, mais aussi des contenus exclusifs. Vous pourrez également gérer votre abonnement et commander des numéros. Nous vous invitons à vous y connecter et à nous dire ce que vous en pensez! Si vous rencontrez des difficultés à créer votre compte, écrivez-nous ici.

Au programme pour cette première semaine:


Pourquoi commander Kometa?

  • Découvrir 208 pages de reportages littéraires, de photographie d’auteur, de cartes et de grands entretiens
  • Démarrer une collection conçue pour décrypter le monde
  • Lire des récits inédits en textes et en images
  • Financer une revue indépendante et sans publicité, qui soutient des auteurs en exil ou résistant de l’intérieur

Une blague russe et amère de Ватное болото («Marécage cotonneux»)

Image issue du fil Telegram russe Ватное болото

Ce que disaient la majorité des Allemands:

1932 - début 1933 : eh bien, Hitler ou pas, on s'en fiche, on ne s'intéresse pas à la politique.

1933 - 1935 : la vie devient plus facile, il y a du travail, les salaires augmentent, je ne sais pas qui est mécontent.

1936 - 1938 : le pays se relève enfin, nous retrouvons notre autorité dans le monde, nous sommes une superpuissance, Hitler est grand, l'Autriche et les Sudètes ont toujours été à nous.

1939 - 1941 : tout le monde veut nous attaquer, nous sommes menacés, nous sommes victimes de complots, il y a plein d'ennemis à l'intérieur. Mais l'Allemagne est au-dessus de tout, nous avons été forcés de faire la guerre, nous serons à Moscou dans trois mois.

1942 - 1945 : la guerre est un moment difficile, ce n'est pas le moment de critiquer le chef, on ne peut pas souhaiter la défaite de son pays, seuls les traîtres le font. Hitler sait ce qu'il fait, il faut s'unir.

1946 : quelle horreur, quelle catastrophe, le pays s'est effondré, mais comment le savoir, nous ne nous intéressions pas à la politique, nous étions des gens ordinaires.

Ce que disent la majorité des Russes:

1999 - début 2000 : oh, bien, Poutine ou pas, nous nous en fichons, la politique ne nous intéresse pas.

2000 - 2012 : la vie est devenue plus facile, il y a des emplois, les salaires augmentent, je ne sais pas qui est mécontent.

2013 - 2020 : le pays s'est enfin relevé, nous avons retrouvé notre autorité dans le monde, nous sommes une superpuissance. Poutine est grand. La Crimée et le Donbass ont toujours été à nous.

2021 - début 2022 : tout le monde veut nous attaquer, nous sommes menacés, nous sommes victimes de complots, il y a beaucoup d'ennemis à l'intérieur. Mais la Russie vaincra tout le monde, nous avons été forcés de faire la guerre, nous serons à Kiev dans trois jours.

2022 - ... : la guerre est un moment difficile, ce n'est pas le moment de critiquer le dirigeant, on ne peut pas souhaiter la défaite de son pays, seuls les traîtres font cela. Poutine sait ce qu'il fait, nous devons nous unir.

Les personnes qui ont été capables de répéter cinq étapes sur six croient que la dernière ne se produira pas...

A propos de Kometa

À l’origine de Kometa, une envie: comprendre le monde en allant voir là où il bouge. On ironise parfois sur ces Américains qui ne savent pas placer Paris ou Bruxelles sur une carte d’Europe, mais l’invasion russe de l'Ukraine a révélé notre méconnaissance d’une partie entière de notre continent.

Tous les trois mois dans une belle revue papier de 208 pages, chaque semaine dans ses newsletters et tous les jours sur son site, Kometa propose des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées pour saisir ce que nous n’avons pas vu se lever à l’Est. En révéler la richesse, les talents et l’incroyable complexité.

L'agenda

24 novembre à 20h, Eglise St Germain

La violoniste star Lisa Batiashvili à Paris

La Géorgienne Lisa Batiashvili est l’une des violonistes les plus demandées au monde. Au festival Week-end à l'Est, elle présentera son jeune compatriote Giorgi Gigashvili, un pianiste. Ensemble, ils joueront Vaja Azarashvili, Felix Mendelssohn et César Franck.


27 novembre à 20h, à l'Odéon

Soirée de clôture du Week-end à l'Est

Menaces sur la démocratie: les artistes géorgiens en équilibre. Débat placé sous le signe de la résistance et de la défense de l’intégrité des intellectuels et des artistes, avec l’écrivain Emmanuel Carrère, la réalisatrice, autrice et marraine du festival Nana Ekvtimishvili, la dramaturge, romancière et invitée d’honneur Nino Haratischwili et la pianiste franco-géorgienne à la renommée internationale, Khatia Buniatishvili.


Depuis le 11 octobre

En librairie

Le premier numéro est disponible chez votre libraire en France, en Suisse et en Belgique.

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