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Bonjour, c’est Kometa, votre revue heureuse de partager une bonne nouvelle: notre troisième numéro vient d’être imprimé.

Le premier s’appelait «Impérialisme», le second «Liaisons dangereuses». Notre petit nouveau se nomme «Fabriquer l’oubli», un hommage déguisé à Milan Kundera. Lors des rencontres en librairie, vous nous demandez souvent comment nos thématiques sont choisies. Alors voici quelques coulisses.

Les précédentes éditions sont ici. Si vous aimez, n'hésitez pas à partager!

Léna, rédactrice en chef de Kometa


La recette de l'oubli

Une revue, c’est une recette de cuisine.

Parfois, on a tout de suite l’idée du plat. Pour notre premier numéro, né du choc de l’invasion russe en Ukraine, elle s’était imposée comme une évidence: impérialisme. Restait à choisir les ingrédients. A l’époque (il y a seulement neuf mois) nous avions commencé par établir une cartographie des auteurs, chercheurs, chercheuses, photographes. Quels regards privilégier? Quelles écritures, quels formats? Comment expliquer sans se faire complice? Soutenir ceux qui résistent? Jusqu’où va l’Est? On cherche des histoires, des angles, des récits photographiques, on fabrique des maquettes, on les fait et on les défait.

Parfois, on a juste un ingrédient. Pour ce numéro sur l’oubli, il est arrivé de Roumanie. Au cours d’une rencontre littéraire, un historien parlait de son pays, qui avait échangé des juifs contre des cochons à l’époque communiste. Une femme, dont les grands-parents avaient été cachés à Bucarest par des justes, a levé la main: pourquoi ne lui avaient-ils jamais parlé de ce troc infâme? Rien d’étonnant, a répondu l’historien. Cela s'était passé quinze ans après la Shoah, et le régime de Ceaucescu avait tout fait pour effacer cet épisode de la mémoire collective.

Un autre élément arrive. L’écrivain Iegor Gran, que nous avions déjà publié, nous a proposé de décrypter le nouveau manuel scolaire validé par le Kremlin, qui réécrit totalement l’histoire de l’après-guerre soviétique, puis russe. Iegor Gran fait de l’ironie une arme. On a pensé à ce titre pour son récit: Aimer Poutine en 37 leçons.

On s’est alors souvenu de Kundera, qui écrivait que pour détruire les peuples, il suffisait de contrôler leur mémoire. «Le futur est certain, c’est le passé qui est imprévisible», dit une blague soviétique. Depuis que l’Inde a basculé, 70% des habitants de la planète vivent sous un régime autoritaire. Cela se passe en Chine, en Turquie, en Russie… et le propre des régimes autoritaires, c’est quoi? Manipuler l’histoire, se rendre maître du passé, fabriquer l’oubli. Les démocraties ne sont pas non plus immunisées contre les trous de mémoire. C’est effrayant, bien sûr. Mais on peut aussi faire le pari de décrypter ces mensonges et ces manipulations. Trouver d’autres récits. Se souvenir, c’est résister. Le rire contre l’oubli, voilà la recette de ce numéro, que l’on espère… inoubliable.

Léna Mauger



La photographie de la semaine

La voici: la couverture du nouveau numéro. Paolo Woods, responsable de la photo à Kometa, a choisi cette image étrange et absurde prise par Michal Chelblin en Ukraine en 2019. Nikita et Nastyan sont deux jeunes Ukrainiens. «J’ai pris cette image lors du bal de fin d’année d’un lycée d’art, en périphérie de Kyiv, raconte la photographe. J’aime ces espaliers, cela me ramène à l’école de mon enfance. Les couleurs rappellent le drapeau ukrainien, si bien qu’après l’invasion à grande échelle cette image a attiré l’attention».


La recommandation Kometa

Pierre Benetti, rédacteur en chef Web, a lu Chœur des lions, un recueil de nouvelles de l'écrivain hongrois György Dragomán

György Dragomán, 51 ans, est né parmi la communauté hongroise de Roumanie, dans la petite ville de Târgu Mureș, en Transylvanie. Dans son roman Le Roi blanc (Gallimard, 2009), il a raconté l'oppression politique du point de vue d'un enfant découvrant la disparition de son père, arrêté par la police de Ceaușescu. Il est aussi l'auteur du Bûcher (Gallimard, 2018), où le souvenir de la dictature se mêlait à la connaissance de la magie...

Chœur des lions, qui vient de paraître en français, met aussi le point de vue des enfants au centre du récit. Ces dix-huit nouvelles explorent les sentiments nés dans la profondeur des relations familiales, en particulier avec des figures de père encore une fois, et souvent avec la musique, ou un instrument de musique, comme fil rouge et motif principal. La forme courte permet à l'écrivain de saisir et de faire sentir, avec une très belle subtilité, l'émerveillement, la déception, la nostalgie, dans une langue à chaque fois légèrement différente.

On connaissait déjà le travail remarquable de Joëlle Dufeuilly sur les textes d'un autre écrivain hongrois, László Krasznahorkai (dont on attend avec impatience le Nobel). Elle révèle de nouveau tout son talent pour trouver des équivalences en français à la musique dense et voluptueuse de György Dragomán, qui nous vient autant de Roumanie que de Hongrie.

György Dragomán, Chœur des lions. Traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly. Gallimard, 224 p., 21€


Bienvenue à la Gaîté Lyrique

La rédaction de Kometa dévoile son 3e numéro dans une soirée exceptionnelle à la Gaîté Lyrique, vendredi 24 mai à 19h. La poétesse et militante Pinar Selek explique comment la violence masculine d’État participe au négationnisme en Turquie. La réalisatrice Ksenia Bolchakova raconte les coulisses de son récit sur un deuil en Ukraine. Et Dominique Simmonot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, nous dit pourquoi lire Vassili Grossman est essentiel aujourd'hui... l'accès est libre, mais venez assez tôt pour avoir une place!


Kometa chez LaCinetek

Kometa propose une sélection de films à partir du catalogue de LaCinetek. L’occasion d’explorer des cinématographies multiples pour «mettre l'Est au centre de la carte» et... de l’écran. La sélection débute par dix incontournables, courts ou longs, documentaires ou fictions, de dix cultures différentes avant de proposer cinq films en lien avec les thématiques de nos trois premiers numéros.

A propos de Kometa

À l’origine de Kometa, une envie: comprendre le monde en allant voir là où il bouge. On ironise parfois sur ces Américains qui ne savent pas placer Paris ou Bruxelles sur une carte d’Europe, mais l’invasion russe de l'Ukraine a révélé notre méconnaissance d’une partie entière de notre continent.

Tous les trois mois dans une belle revue papier de 208 pages, chaque semaine dans ses newsletters et tous les jours sur son site, Kometa propose des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées pour saisir ce que nous n’avons pas vu se lever à l’Est. En révéler la richesse, les talents et l’incroyable complexité.

L'agenda

9 mai, 14h30

Lili Pankotai à Lyon

Aux Nuits Sonores, une des héroïnes de notre 2e numéro vous parle des scènes indépendantes européennes sous pression. Pour vous inscrire:


20 mai, 10h

Festival Etonnants Voyageurs, Saint-Malo

Rencontrez les écrivains Artem Chapeye (Ukraine, Iva Pesuashvili (Georgie) et Sladjana Nina Perkovic (Bosnie-Herzégovine) dans un dialogue animé par Serge Michel


22 mai, 18h

Rencontre au Café Format Poche, Lille

Haydée Sabéran, rédactrice en chef adjointe, présente la revue au café Format Poche (bibliothèque de Sciences Po Lille). Entrée libre


26 mai, 16h30

Festival Oh les beaux jours!, Marseille

Deux signatures de Kometa, l'écrivaine Elitza Gueorguieva et le romancier Sergueï Shikalov, dialoguent avec Pierre Benetti, rédacteur en chef adjoint, autour de leurs livres Odyssée des filles de l'Est et Espèces dangereuses. Venez aussi rencontrer la rédaction à la Grande librairie (Conservatoire Pierre Barbizet)


31 mai

Rencontre à la librairie Maupetit, Marseille

Dans le 3e numéro de Kometa, l'écrivaine Valérie Manteau s'entretient avec la militante et poétesse turque Pinar Selek. Elles reviennent sur cette expérience avec Léna Mauger

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