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Du 5 au 15 décembre, la Cinémathèque de Paris offre une grande rétrospective Sergueï Paradjanov, le cinéaste qui fait la couverture de notre hors-série Arménie, avec un article de deux personnalités qui l'ont bien connu, l'acteur et réalisateur Serge Avédikian et le photographe Yuri Mechitov. Au programme de cette rétrospective, Les Cheveaux de feu, Sayat Nova: La Couleur de la grenade et Rhapsodie ukrainienne, notamment. L'occasion de joindre le visionnage à la lecture pour mieux connaître celui dont Godard disait : «Dans le temple du cinéma il y a des images, de la lumière et de la réalité. Sergueï Paradjanov était le maître de ce temple.»


Bonjour, je m’appelle Tigrane Yégavian

Je suis né à Paris, j’ai grandi à Lisbonne, au Portugal, loin, très loin de toutes réalités arméniennes. Enfant de la diaspora, j’ai en mémoire la phrase du poète Nigoghos Sarafian: «Notre patrie nous a échappé, elle a glissé sous nos pieds nous projetant à la mer. Mais c'est la meilleure occasion pour apprendre à nager.» Moi, j’ai appris à nager et à parler l’arménien en Syrie, le pays natal de mon père, où je me suis rendu chaque été au début de mon adolescence. Je me souviens du tableau du mont Ararat trônant dans ma chambre et de la forêt de drapeaux tricolores (rouge, bleu, jaune orangé) que j’aimais aligner sur mon bureau.

À part m’exercer au journalisme et à l’analyse géopolitique, je réalise mes recherches et enregistre mes podcasts à l’Institut chrétiens d’Orient, où je tente de faire connaître les minorités d’Orient au grand public francophone. Les événements tragiques qui meurtrissent mon peuple depuis quatre ans m’ont conduit à migrer vers le Caucase et faire connaître le drame de l’Artsakh (le Haut-Karabakh arménien) mais aussi à faire de la pédagogie: donner une voix aux sans-voix, mettre des mots sur leur souffrance sans glisser dans la tentation victimaire. J’ai ainsi publié une Géopolitique de l’Arménie (éd. Bibliomonde) et codirigé un livre de combat : Haut-Karabakh. Le livre noir (Ellipses).

Aujourd’hui, à mes heures gagnées, je vaque au métier de poète. Double présence (L’Harmattan) est mon troisième recueil publié. 


Mon article dans le numéro spécial Arménie

J’ai réalisé deux contributions pour ce numéro spécial. D’abord je me suis prêté à un exercice inédit et stimulant : rédiger des courts textes sur «ce que n’est pas l’Arménie». Tordre le cou aux clichés, parler de ce qui me tient à cœur: l’histoire, la religion, la Méditerranée... mais aussi exprimer un refus: celui de tomber dans le piège du «tout mémoriel», de m’abriter derrière le manteau toujours aussi envahissant d’Aznavour, gage de notoriété auxquels tant d’Arméniens ressentent le besoin de s’agripper comme pour prouver qu’ils existent encore.

Mon autre papier consiste à balayer en plusieurs commentaires de cartes la trajectoire tumultueuse de l’Arménie, son évolution géohistorique. Ce texte avait servi de support pour préparer l’émission Le Dessous des cartes d’Arte. L’occasion de rappeler à l’envi cette boutade polonaise qui s’applique parfaitement à notre cas d’étude: Échangerais histoire grandiose contre meilleur emplacement géographique!


L’info que j’ai retenue pour vous

L’acte de disparition de la République de l’Artsakh, le Haut-Karabakh arménien, en septembre 2023, dans l’indifférence générale après la victoire éclair de l’armée azerbaïdjanaise. Cette république autoproclamée avait posé les bases d’une démocratie représentative avec son parlement, elle a disparu en un battement d’œil, rayée de la carte sans que cela n’émeuve outre-mesure. Je crois que c’est la première fois que nous assistons à la disparition en directe d’un État bien que non reconnu par la soi-disant communauté internationale.

De jeunes Arméniens dans le quartier de Little Armenia, à Hollywood, juste avant une marche en l'honneur des victimes du génocide.

La date qui m’a marqué

Le 27 octobre 1999, le destin de l’Arménie semble avoir définitivement basculé dans les ténèbres, entamant une longue descente dans les abîmes. Il y a d’abord cette tuerie dans l’enceinte du parlement à Erevan où, parmi d’autres, deux importants dirigeants ont trouvé la mort. Ils incarnaient la souveraineté de l’Arménie, le rêve d’une indépendance réelle. Le même jour, le catholicos de tous les Arméniens, Karekine II, était élu avec des soupçons de fraude. Son pontificat ne brille pas par son appétence pour la spiritualité et la transcendance, ce sont les valeurs matérialistes qui l’emportent sur le témoignage de foi. 


Une raison d’espérer

L’Arménie dispose de ressources inespérées chez ses fils et ses filles animés par un droit inaliénable à l’insouciance et à la vie. La force créatrice de la jeunesse et sa capacité d’innovation en font un laboratoire d’excellence et de modernité. Reste à trouver la bonne synergie pour que les jeunes talents de la diaspora puissent à leur tour entreprendre leurs projets en Arménie et en faire une plateforme au service de l’économie du futur.


Un livre à offrir

Le Bateau sur la montagne (1943) de Kostan Zarian (paru en traduction française aux éditions Thaddée) est un roman magistral qui nous invite à mieux connaître les ressorts de l’âme arménienne. L’action se déroule dans la période 1918-1920 sur les bords du lac Sevan avec pour toile de fond les péripéties de la première et éphémère République d’Arménie anéantie par la complicité entre bolchéviques russes et kémalistes turcs. Son auteur fut un personnage profondément universaliste, polyglotte, tutoyant les sommités du monde des arts et des lettres en Europe. Après une longue itinérance en Europe et en Amérique, il choisit finalement de s’installer en Arménie.


Le film qui m’inspire

Bonjour c’est moi, de Frounzé Dovlatian, réalisé en 1965. L’histoire d’un jeune scientifique qui revient sur les choix consentis pour favoriser la construction d’un centre de recherche spatiale sur la plus haute montagne d’Arménie. Mais c’est avant tout un film métaphysique, qui interroge plutôt qu’il n’apporte des certitudes. Le héros du film questionne son identité la plus profonde, se remémore un amour ancien dans un décor des plus grandioses.


Une phrase qui me parle

«De même que nous lavons notre corps, nous devrions laver notre destin, changer de vie comme nous changeons de linge.»

Cette phrase du grand poète portugais Fernando Pessoa, issu du Livre de l’intranquillité, m’aide à refuser la fatalité et à me débarrasser de l’encombrant mot «résilience».


Un lieu à découvrir en Arménie 

La ville de Meghri, à l’extrême sud du pays, le «far south» arménien à la frontière iranienne. Une charmante oasis au milieu des montagnes désertiques où l’on cultive la grenade, les agrumes et plus récemment l’olive.


Un lieu arménien à découvrir en France

La cave Kenats, situé au 69 bis, rue Brancion, dans le XVe arrondissement de Paris, tenue par le jeune et dynamique entrepreneur Shant Zadourian. C’est d’abord et avant tout l’unique cave de vins et d’alcools exclusivement arménien. Un voyage d’où l’on ne revient pas indemne! 


Notre partenaire pour le numéro Arménie

L’Union générale arménienne de bienfaisance (UGAB) est la plus grande organisation dédiée au rayonnement de la culture arménienne. Présente dans plus de 36 pays et 70 villes, l’UGAB impacte la vie de 500 000 personnes par an en Arménie, en Artsakh et dans la diaspora, grâce à ses programmes éducatifs, culturels et humanitaires. Depuis sa création en 1906, l’UGAB est restée fidèle à son objectif initial: permettre la prospérité des Arméniens du monde entier.



Vu ailleurs

Arte propose sur son fil Instagram arte.info une série de nouvelles vidéos qui parlent des quotidiens bouleversés depuis le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie. Dans les zones où la liberté de la presse est inexistante, Arte donne la parole à celles et ceux qui y vivent. Deuxième épisode de «Voix de Russie» à retrouver ici.

A propos de Kometa

Née du choc du retour de la guerre sur le continent européen, Kometa raconte le monde partout où il bascule, de l’intérieur, à travers les regards de celles et ceux qui le vivent. La revue fête sa première année et grandit grâce à vous, en passant de 4 à 6 numéros par an en 2025.

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L'agenda

7 et 8 décembre 2024

Braderie Arménienne - CHENE

La 32e Braderie Arménienne ! Découvrez l'artisanat local (bijoux, céramiques, décorations...), des livres avec des séances de dédicaces, et des spécialités arméniennes à déguster. À cette occasion, la revue Kometa sera en vente avec un numéro spécial dédié à l'Arménie. Culture, saveurs et solidarité vous attendent !


14 janvier 2025

Médias en Seine, le festival international des médias de demain

Médias en Seine, le premier festival international des médias de demain, fera son grand retour le 14 janvier 2025. Une nouvelle journée qui prend place dans la période d'investiture du président américain élu en novembre 2024 et de désignation du nouveau président et de deux nouveaux membres de l'Arcom.

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