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Bonjour, c'est Kometa. Voici la deuxième newsletter de la revue qui met l’Est au centre de la carte !

La semaine dernière, on vous partageait les grandes lignes du projet (à retrouver ici). Aujourd'hui, on vous raconte l'histoire d'un prince russe.

Son nom attisait notre imaginaire, quand cette revue ne s'appelait pas encore Kometa. Mais il a été récupéré par le Kremlin et enrage les Ukrainiens. Alors on a changé d'idée.


Le nom de revue auquel vous avez échappé

En Suède, un village Potemkine version XXIe siècle | © Gregor Sailer

Kometa a failli porter un autre nom. Un nom qui sonnait bien, mais disait aussi beaucoup des idées reçues et des projections occidentales, à oublier pour passer à l'Est.

Parce que tout commence quelque part, Kometa a d’abord été un projet, une idée, avec un nom de code : Potemkine. On aimait ce mot qui sonnait bien. Trois syllabes, un k chantant et l’évocation d’une scène mythique du cinéma: un enfant en pleurs dans un landau dévalant les escaliers d’Odessa sous le feu des soldats, travelling de six minutes du Cuirassé Potemkine de Sergueï Eisenstein. Ce film de commande du parti communiste en 1925 célébrait l’un des premiers mouvements de révolte à l’origine de la chute du régime tsariste.

Potemkine, c’était pour nous du cinéma, un imaginaire, un nom qui disait l’envie de faire découvrir un territoire et des histoires méconnues. Une histoire de résistance aussi, celles de marins contre l’injustice. En temps de guerre, c’était aussi une référence aux «villages Potemkine», c’est-à-dire la propagande fabriquée, surtout en temps de guerre, pour masquer la réalité.

Fake news version XVIIIe siècle

On raconte que pour cacher la pauvreté des villages de Crimée lors de la visite de l'impératrice Catherine II en 1787, son ministre Grigory Aleksandrovich Potemkine aurait fait ériger des façades en carton-pâte - une légende réfutée par les historiens. La version XVIIIe siècle de la fake news!

Le maréchal Potemkine, nobliau devenu ministre, prince et amant de la Grande Catherine, impératrice de toutes les Russies, est un personnage sorti d’un roman d’aventures. «Vous êtes à l’État, vous êtes à moi», lui écrivit la fougueuse impératrice qui, caressant le rêve de rebâtir l’Empire byzantin, demanda à son favori de marcher contre les Turcs, d’ouvrir des détroits, de conquérir des territoires comme le sud de l’Ukraine, dont la Crimée.

Du romanesque à l'insulte

La revue Potemkine? Les premiers écrivains français auprès desquels nous avons testé ce nom le trouvaient romanesque. Les Russes aussi. Les Ukrainiens, eux, l’ont d’emblée pris comme une insulte. Jamais ils n’écriraient dans les pages d’une revue au nom pareil.

Car l’histoire n’est pas terminée: la mémoire du Prince Potemkine, terrassé par la maladie à 52 ans en revenant d’une énième ville conquise, est aujourd’hui convoquée par le président russe en personne. Dès 2014, dans son adresse à la nation, Vladimir Poutine cite les victoires du maréchal pour justifier l’annexion de la Crimée.

Le chef du Kremlin fait à nouveau référence à Potemkine le 30 septembre 2022, lors de la cérémonie censée entériner, à Moscou, l’annexion de quatre nouvelles régions ukrainiennes, Donetsk, Kherson, Louhansk et Zaporijia. Un mois plus tard, juste avant le retrait de l’armée russe de la ville, un commando du Kremlin vole les ossements de Potemkine dans une crypte de la cathédrale Sainte-Catherine de Kherson.

Bataille perdue

En deux mots, Potemkine était un colonisateur. Inacceptable alors que la guerre russe en Ukraine a tant de relents impérialistes. Ce destin d’un prince russe et cette réécriture de l’histoire vous seront racontés au long cours dans Kometa par le journaliste et écrivain Christophe Boltanski. En attendant, Potemkine a perdu sa bataille du titre, au profit de Kometa.

Kometa signifie comète en ukrainien, en russe, en tchèque, en macédonien, en croate, en tadjik, en tatar, en letton, en kirghize, et dans bien d’autres langues, comme l’hawaïen. Kometa est un mot qui rassemble. Dans l’Antiquité, le passage d’une comète était annonciateur d’un évènement : Kometa est aussi un nom qui raconte l’inattendu, ce qui bouge et ce qui change. Ce qu’il reste à découvrir et à comprendre. Bienvenue sur notre comète.


Le vrai du faux du photographe Gregor Sailer

Au premier regard, tout semble vrai : les immeubles, l’église, les rues paisibles. En 2016, le photographe autrichien Gregor Sailer découvre, en Russie, des villes aux façades couvertes d’immenses papiers peints destinés à masquer leur abandon le jour de la visite de Vladimir Poutine. La version moderne du mythe des villages Potemkine !

«Même si je savais que tout était faux, ces simulacres semblaient un peu réels. Le funambulisme entre l'illusion et la réalité a toujours accompagné mon travail, mais il n'en avait encore jamais été le sujet principal», a raconté le photographe, qui a passé deux ans à documenter ces absurdités visuelles à travers le monde.

En Chine, ce sont des répliques de villes européennes, avec des moulins, des cathédrales. En France, en Allemagne, aux Etats-Unis, ce sont des décors vides, immenses, dans lesquels des soldats s’entraînent à la guerre urbaine.

En Suède, où a été prise l’image qui ouvre cette newsletter, c’est une cité de carton-pâte créée dans le seul but de tester la sécurité de voitures autonomes. En jouant avec les faux-semblants, Gregor Sailer nous fait voir la vérité en face.

Kometa va publier le travail d’auteurs d’Est et de l’Ouest, des auteurs de textes ou d’images comme Gregor Sailer. Retrouvez la série «The Potemkin village» sur son site.

A propos de Kometa

À l’origine de Kometa, une envie: comprendre le monde en allant voir là où il bouge. On ironise parfois sur ces Américains qui ne savent pas placer Paris ou Bruxelles sur une carte d’Europe, mais l’invasion russe de l'Ukraine a révélé notre méconnaissance d’une partie entière de notre continent.

Tous les trois mois dans une belle revue papier de 208 pages, chaque semaine dans ses newsletters et tous les jours sur son site, Kometa propose des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées pour saisir ce que nous n’avons pas vu se lever à l’Est. En révéler la richesse, les talents et l’incroyable complexité.

L'agenda

La semaine prochaine...

... nous vous parlerons de la difficulté à nommer cette immense zone géographique que nous voulons vous faire comprendre et découvrir.


Fin de l'été

Préventes

Pour le moment, Kometa existe dans vos boîtes mails et sur les réseaux sociaux. Dès le mois d'août, vous aurez la possibilité de vous abonner et de commander les premiers numéros de la revue. D'ici là, suivez l'actualité du projet grâce à cette newsletter. Si quelqu'un vous l'a fait suivre, vous pouvez vous inscrire ici.


Automne

Sortie du premier numéro

Le premier numéro de Kometa est prévu pour la rentrée, tout comme le site complet. D'ici là, on vous promet quelques bonnes feuilles et bonnes histoires.

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