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Bonjour, c'est Kometa. Le monde tangue, en Ukraine, au Proche-Orient, au Daghestan. Alors continuons de prendre des nouvelles de nos auteurs. 

La semaine dernière, c’était le photographe ukrainien Kostyantyn Chernichkin qui disait sa lassitude de la guerre et son inquiétude que toute l'attention de l'Occident soit désormais consacrée au conflit Israël-Hamas.

Aujourd’hui, nous avons pris un café avec Iegor Gran, qui signe le grand récit «Prions pour nos guerriers» dans notre premier numéro. Toujours en verve, il parle de son addiction aux réseaux sociaux russes, pour sonder l’âme des provinces. 

Votre revue vous attend chez votre libraire, et pour les abonnements, c'est par ici. Si vous aimez, transférez ce mail à vos proches.


«Le problème, ce n'est pas Poutine»

Capture d'écran d'un compte VK russe: des soldats bénis par l'Eglise orhodoxe. DR

«Comment vit-on la hausse du prix du concombre dans les provinces russes? Je cherche la réponse sur Twitter (je n’arrive pas encore à dire X, le nouveau nom du réseau). J’ai d’autres questions, plus fondamentales, comme celle-ci, qui est ma véritable obsession personnelle: pourquoi ce peuple russe dont je suis issu est-il parfaitement serein à l'idée d'aller détruire son voisin, alors qu'il a lui-même des territoires en abondance?

Twitter, ça me permet d’entrer dans l’intimité des gens. Pas les journalistes, pas les blogueurs, pas les intellos. Non! Les gens des provinces. C'est le sujet de mon dernier livre. Deux femmes — l'une assistante maternelle à Nijni Novgorod, l'autre contrôleuse dans un tramway à Perm. L'une patriote pro-Poutine, l'autre qui développe, au fil des mois, un ressentiment contre la guerre. L'une est divorcée deux fois, l'autre n’a eu que de brèves relations.

Le terreau de la vie

Je passe beaucoup de temps à lire leurs tweets, entre 5 et 15 par jour chacune. Leur but? Faire des rencontres. Elles essaient de draguer, on les drague. En Russie, Twitter est synonyme d'élite, car il faut un VPN pour se connecter. Il faut être débrouillard, ne pas avoir froid aux yeux. Des qualités que recherchent ces deux femmes.

J'aime lire. J'aime lire tout: les étiquettes dans les magasins, les notices de médicaments, les publicités, etc. Pour moi, la matière littéraire ne s'arrête pas au roman, elle touche tout ce qui est mot, tout ce qui est écrit. Quand des gens très simples comme mes deux femmes le pratiquent au quotidien, cela m'intéresse encore plus. Elles n'ont pas vocation à écrire comme Oscar Wilde. La langue des gens est au-delà du passionnant, c'est le terreau de la vie. Sur les réseaux sociaux aujourd'hui, on accède à l'intimité des gens, alors que la vie quotidienne des Russes ordinaires n'intéresse personne, pas même les opposants russes.

La radieuse Russie du futur

On commence seulement maintenant (enfin!) à comprendre la gravité du truc: ce n'est pas Poutine le problème ! C'est capital. Les mères pleurent à chaudes larmes quand on leur ramène un cercueil avec dedans leur enfant tué au combat, mais cela ne les dérangerait pas d'en envoyer un deuxième au front si on leur demandait (c'est le sujet de mon article dans le premier numéro de Kometa). Les soldats russes ne se plaignent pas parce qu’ils ne veulent pas faire la guerre, mais parce qu’ils sont sous-équipés… Les gens qui se sont enfuis de Russie ne sont pas forcément anti-Poutine, certains ne voulaient tout simplement pas mourir en Ukraine. Il faut le comprendre et le raconter. Car c'est avec ces gens-là, ceux qui resteront, qu'il faudra reconstruire le pays une fois que la guerre sera finie.

Vous connaissez l'expression "la radieuse Russie du futur"? C'est d’Alexei Navalny, pour décrire la Russie d’après, quand il n'y aura plus Poutine. Dans cette radieuse Russie du futur, il y aura un Etat de droit, il sera interdit de torturer les prisonniers, etc. Une liste longue comme le bras. Mais aujourd'hui, cette radieuse Russie du futur, personne n'en veut, en Russie.»

Iegor Gran


Une dernière, Iegor?

«J'ai été estomaqué de voir que les journaux français font leur Une sur les punaises de lit alors qu'au même moment, des villes sont bombardées en Ukraine.»


Pourquoi commander Kometa?

  • Découvrir 208 pages de reportages littéraires, de photographie d’auteur, de cartes et de grands entretiens
  • Démarrer une collection conçue pour décrypter le monde
  • Lire des récits inédits en textes et en images
  • Financer une revue indépendante et sans publicité, qui soutient des auteurs en exil ou résistant de l’intérieur
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L'homme qui cherchait des juifs dans un réacteur d'avion

Une scène du chaos ayant régné à l'aéroport de Makhatchkala, au Daghestan, le 29 octobre. DR

L'homme qui se penche le 29 octobre dans le réacteur d'un avion sur le tarmac de Makhatchkala, à la recherche de passagers juifs, a fait rire, de Varsovie à Vladivostok, comme un pied de nez à la haine et la bêtise. Il fait partie de la foule de Daghestanais enflammés par le conflit à Gaza qui ont envahi l'aéroport parce que la rumeur a couru qu'un avion était arrivé de Tel-Aviv. Ils ont cherché des juifs et des Israéliens, allant jusqu'à vérifier les passeports de nombreux passagers. Quand cette image est apparue sur les réseaux sociaux, le concours de légendes absurdes était lancé. «Pour moi, un Coca et un cheeseburger», dit l'une. Notre préférée? «Mais dis donc, t'es pas vierge!» Les internautes imaginent aussi ce qu'aperçoit l'homme au fond du moteur: Evgueni Progojine dans un fauteuil où des juifs orthodoxes déchaînés qui dansent la polka. Plus sérieusement, l'incident, qui correspond à la définition de «pogrom» et rappelle les atrocités ayant historiquement poussé à l'exode nombre de juifs russes, est le rassemblement antisémite le plus grave en Russie depuis des décennies. Le président Vladimir Poutine a accusé l'Ukraine et les services secrets occidentaux de l'avoir organisé. C'est dire son embarras: il disait vouloir «dénazifier» l'Ukraine et voilà que des chasses aux juifs se déroulent dans son pays. Il soignait sa relation avec Israël, mais des représentants du Hamas ont été reçus à Moscou. «Les masques tombent, estime Iegor Gran. Le Hamas et Poutine sont deux organisations vicieuses et barbares, main dans la main devant l'autel de l'Histoire.»

A propos de Kometa

À l’origine de Kometa, une envie: comprendre le monde en allant voir là où il bouge. On ironise parfois sur ces Américains qui ne savent pas placer Paris ou Bruxelles sur une carte d’Europe, mais l’invasion russe de l'Ukraine a révélé notre méconnaissance d’une partie entière de notre continent.

Tous les trois mois dans une belle revue papier de 208 pages, chaque semaine dans ses newsletters et tous les jours sur son site, Kometa propose des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées pour saisir ce que nous n’avons pas vu se lever à l’Est. En révéler la richesse, les talents et l’incroyable complexité.

L'agenda

8 novembre, 19h

Rencontre à Marseille

Rencontre avec Léna Mauger, co-fondatrice de Kometa, à la librairie Histoire de l'œil, 25 rue Fontange, 13006 Marseille


Depuis le 11 octobre

En librairie

Le premier numéro est disponible chez votre libraire en France, en Suisse et en Belgique. Si vous le commandez en ligne (lien ci-contre), vous bénéficiez d’un tarif de lancement et ferez partie de nos premières lectrices et lecteurs.


Du 22 au 27 novembre

Kometa passe un week-end à l'Est

Kometa participe à la 7e édition du festival des cultures de l'Est, à Paris. Cette année, la ville à l'honneur est Tbilissi, capitale d'un pays en pleine ébullition comme le raconte Emmanuel Carrère dans notre premier numéro.

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