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Bonjour c’est Kometa

Dans moins de deux semaines, les Américains éliront leur nouveau président. La première puissance mondiale se vit au centre du monde, mais comment le monde la regarde-t-elle? 

Notre quatrième numéro croise des récits venus d’Iran, d’Irak, de Palestine, de Bélarus, d’Ukraine, de Chine, pour comprendre avec d’autres yeux que les nôtres les conséquences de l’influence américaine, les rêves ou les cauchemars qu’elle génère.  

Voici quelques coups de cœur de ce numéro exceptionnel présentés par notre rédaction.


Pourquoi Kamala et Donald devraient lire Kometa?

Clément, chef d’édition: Hassan Kurbanbaev

Lui porte des lunettes de Men in Black avec des mocassins blancs. Elle, un sac de courses avec des carottes et un étrange sweat siglé Apple. Devant eux, un enfant dans un costume de Spiderman mal ajusté. Tous, la main sur le cœur, comme à l’écoute d’un hymne… américain?

Cette photo choisie pour la couverture de ce 4e numéro de Kometa, qui questionne elle-même la question du titre: «Qui aime encore les États-Unis?», est tirée de la série du photographe ouzbek Hassan Kurbanbaev intitulée Logomania: Owning the World at Half Price, dont on retrouve plusieurs planches dans nos pages. Des mises en scène de choc des cultures ironiques et révélatrices, dans un pays libéré du joug de l’URSS depuis trois décennies et de l’emprise de son dictateur Islam Karimov depuis 2016, où les contrefaçons de marques occidentales ont déferlé en masse. Jusqu’à provoquer ce que Hassan appelle une «une crise d'auto-identification» en usant et abusant de leurs logos pour tout et n’importe quoi, des pommeaux de douche à la décoration de restaurants.

Mais, en miroir, ces photos interrogent aussi ce que les sociétés occidentales porteuses de ce luxe d’apparat ont à offrir pour qu’on veuille leur ressembler. «Le monde à moitié prix», donc, mais aussi le prix de l’autre moitié du monde. Les capitales sont toutes les mêmes devenues chantait Bashung. Et, à l’heure de l’instagrammable, qu’en est-il des individus? Casquette Barbie sous abaya, polo Versace sous manteau traditionnel. Ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait des autres.

Photographie d'Hassan Kurbanbaev et couverture de notre 4ᵉ numéro | © Hassan Kurbanbaev

Silouane, journaliste: Adam Rouhana

Before Freedom (2022-23) | © Adam Rouhana

«Je pense que je vais devoir passer mon tour pour l'instant. Je suis en Palestine et je travaille sur beaucoup de choses. Je n'ai pas de bande passante pour m'occuper de quoi que ce soit d'autre.» Voici le dernier message reçu du photographe palestino-américain Adam Rouhana. Nous sommes le 4 octobre, presque un an après l’attaque du Hamas et les bombardements de la bande de Gaza qui n’ont cessé depuis. Je lui proposais alors de participer à cette newsletter. Fils d’un Palestinien et d’une New-Yorkaise, Adam Rouhana a grandi aux États-Unis, comme un Américain fan de Bob Dylan et lisant du James Baldwin. Tous les ans, il rendait visite à sa famille paternelle dans un village du mont Carmel, territoire maintenant en Israël, mais qui pour lui a toujours été la Palestine. Je souhaitais qu’il partage cette expérience de vie, par les mots et au-delà de ses images. 

Dans le 4ᵉ numéro de Kometa, son travail accompagne l’incroyable récit de son compatriote Karim Kattan«Dans les médias, les Palestiniens sont souvent décrits comme masqués et violents, un peuple sans visage. Ces représentations insidieuses ont ouvert la voie à la destruction gratuite de Gaza par Israël», explique-t-il. Ce déséquilibre, entre la perception occidentale du peuple palestinien et ce qu’il vivait par son expérience de binational, Adam Rouhana décide de le combattre par la photographie. 

Une jeunesse croquant à pleines dents la pastèque – fruit devenu aujourd’hui symbole de résistance de tout un peuple –, des jeux d’enfants au milieu de champs d’oliviers, les rires des teta («grand-mère» en arabe du Levant), ses images montrent des scènes de vie et de joie du quotidien. Grâce au travail du photographe, le 4ᵉ numéro de Kometa redonne un visage et par conséquent une voix à un peuple aujourd’hui réduit au silence.

Léna, rédactrice en chef: Artem Chapeye

Double page du récit d'Artem Chapeye | © Kometa

L’écrivain Artem Chapeye a passionnément aimé la contre-culture américaine. À 26 ans, il a traduit Noam Chomsky en ukrainien, gratuitement, pour «faire connaître ses idées pleines de sagesse». À 40 ans, il a dû fuir les bombardements avec ses enfants au début de l’invasion russe. Ce n’était vraiment pas le bon moment mais, animé par une profonde colère, Artem a alors publié une lettre ouverte au linguiste américain. «Pour parler de l’Ukraine, Chomsky commençait par évoquer ses États-Unis chéris. En somme, il disait : c’est nous (les Américains) qui avons provoqué la Russie en nous approchant de ses frontières.» Au nom de son pacifisme, un intellectuel américain lui expliquait, à lui l’Ukrainien, qu’il devait déposer les armes. Artem appelle ça du westplaining, par analogie avec le mansplaining. «Dans ces argumentations-là, les Ukrainiens (comme les Géorgiens, les Tatars ou les Tchétchènes) n’existent pas.»

Si je vous recommande chaudement le puissant récit d’Artem Chapeye, intellectuel qui se bat aujourd’hui encore face aux Russes sur le front ukrainien, c’est parce que depuis sa lecture, je ne cesse de m’interroger sur le nombre de fois où, en reportage ou en voyage, j’ai pensé à ce que les autres auraient dû faire, certaine que mes références de petite Française de classe moyenne étaient les bonnes. Je ne connais pas Artem personnellement, nous avons travaillé en échangeant des mails. Mais je pense souvent à lui. Et je le remercie de bousculer nos certitudes. 

Haydée, rédactrice en chef adjointe: Aya Mansour 

En mars 2003, quand les bombes américaines se sont abattues sur l’Irak de Saddam Hussein, Aya Mansour avait 11 ans. Deux décennies plus tard, la jeune femme, journaliste et poétesse, communique avec le monde via un compte Instagram suivi par 154 000 personnes et travaille pour The Independent, Vice, Al Jazeera

Pour Kometa, elle raconte ce que lui a fait l’invasion de l’Irak par les armées de George Bush, et toutes les guerres qui ont suivi. C’est le temps où on vend ses fenêtres pour acheter des œufs. Où le vacarme des bombes recouvre tout. Où Aya tente d’imaginer à quoi peut bien ressembler le goût du chocolat, des fruits, de la viande. Où les soldats américains inspectent les maisons la nuit en hurlant, en frappant. Où on brandit des sous-vêtements d’hommes en guise de drapeaux blancs, pour se déplacer dans Bagdad, lors d’équipées tragicomiques. 

Les Américains sont partis, Daech et les milices pro-iraniennes sont arrivés. Avec une douceur infinie, et parfois beaucoup de drôlerie, Aya raconte. Quand son texte est arrivé dans ma boîte mail, j’ai eu l’impression instantanée d’avoir fait quelques pas dans un tunnel et de m’être retrouvée d’un coup sous le soleil d’Irak, aveuglée de lumière, par 48 degrés. «Je vous souhaite un jour joyeux rempli d’amour.» Son message se terminait par ces mots.

Christine, directrice commerciale: Elitza Gueorguieva

Voyage dans le temps et l’espace – nous sommes dans la Bulgarie résolument tournée vers les États-Unis après la chute de l’URSS en 1991. Notre guide, Elitza Gueorguieva, alors âgée de 7 ans, décrit avec verve, humour et justesse les basculements de la société, plus faciles à aborder pour elle et la jeunesse. De leur côté, rébellion, pogos impromptus sur fond de MTV, découverte des Nike, du «ketchup» du McDo… et des faux dollars qui circulent, au grand dam de son grand-père. Du côté des générations qui la précèdent justement, sidération, joie ou grand désarroi face à la très profonde crise économique et sociétale – avec ses perdants et ses profiteurs. Pour tous, un goût de liberté et de nouveaux codes comme celui de la «privacy», «quant à soi» qu’il reste à inventer.  

8 pages superbement illustrées par les photos en noir et blanc de Doris Peter. 

Marion, photographie: Peter Van Agtmael 

Photographies de Peter Van Agtmael à retrouver dans Kometa n°4

Peter Van Agtmael est le seul Américain de notre numéro sur les États-Unis. Né en 1981 à Washington, diplômé en histoire de Yale, le photographe écrit: «J’ai grandi en profitant du rêve américain, je n’avais pas de raisons de le remettre en question. Mais moins je passais de temps aux États-Unis, plus je constatais que la violence était la toile de fond de notre histoire. (…) J’ai commencé à comprendre mon pays en Irak, assis à l’arrière d’un véhicule blindé de transport de troupes ou au réfectoire, discutant avec des soldats venus d’endroits dont je n’avais jamais entendu parler et que j’avais peu de raisons de visiter.»  

Décryptant la nature séduisante de la guerre sur la psyché américaine, son livre Look at the U.S.A. (Thames & Hudson, 2024) part de ces conflits à l’étranger pour élargir la réflexion au nationalisme, à l’élection de Donald Trump, au militarisme, aux questions de race et de classe. «Les mythes auxquels je voulais croire ont été en grande partie démantelés, mais rien n’est venu les remplacer.»


La semaine prochaine dans notre newsletter, le photographe américain Peter Van Agtmael prendra la parole. Une semaine avant le résultat des présidentielles, il mènera une réflexion profonde et critique sur ce que cela signifie d'être américain.

A propos de Kometa

Née du choc du retour de la guerre sur le continent européen, Kometa raconte le monde partout où il bascule, de l’intérieur, à travers les regards de celles et ceux qui le vivent. La revue fête sa première année et grandit grâce à vous, en passant de 4 à 6 numéros par an en 2025.

En vous abonnant, vous soutenez des autrices et des auteurs en résistance et un journalisme indépendant de qualité. Retrouvez tous les deux mois dans une belle revue papier des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées, et suivez-nous chaque semaine dans notre newsletter et chaque jour sur nos réseaux. Merci d'être à nos côtés!

L'agenda

9 novembre

Salon du livre de l’ESJ Lille

L’ESJ Lille présente le Journalivre, son 1er salon du livre journalisme et média. Haydée Sabéran, rédactrice en chef adjointe de notre revue, participera à la table ronde «Quand le journalisme prend le temps...» avec Marion Pillas, cofondatrice et rédactrice en chef de la Déferlante et Elsa Fayner, rédactrice en chef de la Revue XXI.


15 novembre, 19h30

Soirée de lancement pour notre premier Hors-Série !

On lance une nouvelle collection qui place à chaque numéro un pays au centre du monde. Pour ce premier numéro spécial, une terre de feu, de cendres, de résistance, de foi, de culture et de fête... l'Arménie. Rendez-vous au centre culturel Arménien de l'UGAB pour fêter son lancement avec lectures, temoignages, cocktail et concert. Plus d'informations à venir...

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