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Bonjour, c’est Kometa. Comment raconter la Russie aujourd'hui? Cette semaine, deux témoignages sur la guerre et le régime de Poutine malgré la censure.

D'un côté, l'écrivain Iegor Gran voyage à l'intérieur d'un réseau social où mères et épouses de soldats prient ensemble. De l'autre, dans un texte inédit à découvrir demain, Alexeï Gorinov, premier Russe condamné pour son opposition à la guerre, témoigne depuis sa prison.

Plus qu'un mois avant la sortie de notre numéro 2, consacré aux Liaisons dangereuses.

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Russie: continuer de raconter

À Saratov, au long de la Volga, dans un parc dédié à la Seconde Guerre mondiale © Alyona Rodionova

Suppression de l’accès aux réseaux sociaux, interdiction des derniers médias indépendants… depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, les citoyens russes voient l’étau de la répression politique se resserrer à l'intérieur de leur pays. D'après l'association Memorial, elle-même interdite, plus de 800 procès sont en cours contre des opposants à la guerre.

Pourtant, il faut bien continuer à raconter la Russie au présent. Raison pour laquelle Kometa publie cette semaine deux séries qui contournent la censure de deux manières différentes.

Dans son livre Les services compétents (éditions P.O.L., 2020), Iegor Gran, membre du comité consultatif de Kometa, rendait hommage à son père, le dissident soviétique Andreï Siniavski. Cette semaine, en trois épisodes, il trouve un moyen original pour raconter la Russie d'aujourd'hui: infiltrer, depuis son ordinateur, le réseau social VKontakte, l'équivalent du Facebook russe. Dans le groupe «Prions pour nos guerriers», des milliers de mères et d'épouses prient pour la santé des soldats partis en Ukraine, pour leur retour à la maison... mais aussi pour la victoire de leur armée. «Prions pour nos guerriers», c'est aussi le titre de ce long récit qui montre autant la pénétration de la religion dans la société russe, que le rôle des réseaux sociaux dans la vie quotidienne de l'arrière.

Une autre manière de contourner la censure est d'exfiltrer des informations. Filipp Dzyadko, écrivain et journaliste russe en exil, a reçu une longue lettre d'Alexeï Gorinov, que Kometa publie en intégralité. Cet avocat, élu municipal de Moscou et militant des droits de l'homme, est le premier Russe condamné pour avoir qualifié de «guerre» ce que le régime de Poutine continue d'appeler «l'opération militaire spéciale». Condamné à sept ans de prison en juillet 2022, il nous écrit depuis la sinistre colonie pénitentiaire de la région de Vladimir, à 200 km à l'est de Moscou. Il donne son point de vue sur son histoire et sur ses conditions d'incarcération, mais aussi sur la répression politique, sur la guerre, ou encore sur l'histoire soviétique et ce qui a conduit la Russie à sa situation actuelle. Il livre ses souvenirs, ses regrets et ses espoirs, dans une lettre en quatre parties, publiée chaque jour à partir de demain.

Iegor Gran, Alexeï Gorinov: deux hommes qui héritent de l'histoire soviétique et nous rappellent qu'écrire sur la Russie reste possible.


Un soldat russe comme témoin de la CPI?

Il reste d'autres moyens de témoigner sur la Russie de Poutine: devant la justice. Ce lundi, la chaîne de télévision néerlandaise EenVandaag a diffusé l’interview d’un individu se présentant comme un ancien soldat russe. Igor Salikov a demandé l'asile aux Pays-Bas. Il affirme avoir été membre des forces de la République populaire autoproclamée de Donetsk, puis instructeur pour les mercenaires du groupe Wagner en Ukraine. Il dit avoir été témoin «d'actes de cruauté contre des civils» et se dit prêt à coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye dans le cadre des poursuites pour crimes de guerre et du mandat d'arrêt lancé contre Vladimir Poutine. Mardi, la CPI a confirmé avoir reçu des informations de la part de l’ancien soldat.


24 janvier: Kometa numéro 2

La semaine dernière, nous vous présentions la couverture de notre prochain numéro, «Liaisons dangereuses». Cette semaine, un aperçu du récit de la journaliste et romancière Salomé Kiner, «Pour le meilleur et contre l'Empire».

Double-page en ouverture du récit de Salomé Kiner © Kometa

Trahison, discussion, tendresse, réconciliation… autant de mots qui traversent ce numéro à paraître le 24 janvier. Et parmi eux, celui de «désillusion». Dans son premier roman, Grande Couronne (Christian Bourgois, 2021), Salomé Kiner a raconté son enfance en grande banlieue parisienne. Dans Kometa, elle confie l’expérience de sa mère qui épousa, dans les années 1980, un juif soviétique, et avec lui la langue russe. Ils ont fini par divorcer, la Russie est devenue infréquentable, mais le souvenir de cette langue est fragile, mais présent. Comment continuer à aimer la langue d’un pays qui nous a déçus? «Le langage, allié si redoutable des propagandes et des dictatures, devient un outil de reconstruction», répond Salomé Kiner.


Kometa ouvre des perspectives

Nous vous l’annoncions dans notre précédente newsletter: vous pouvez désormais retrouver sur le site de Kometa la toute nouvelle rubrique «Perspectives». Une question : la culture russe est-elle impérialiste ? Plusieurs réponses et autant de regards croisés. En librairie, trois réflexions de trois personnalités : l'historienne kazakhe Botakoz Kassymbekova, le traducteur français André Markowicz et l'historien russe Alexander Etkind. Notre site ajoute un quatrième regard, celui du philosophe Nikolaj Plotnikov, qui appelle à questionner la notion de culture russe. La rubrique se poursuivra en ligne et dans notre deuxième numéro.

A propos de Kometa

À l’origine de Kometa, une envie: comprendre le monde en allant voir là où il bouge. On ironise parfois sur ces Américains qui ne savent pas placer Paris ou Bruxelles sur une carte d’Europe, mais l’invasion russe de l'Ukraine a révélé notre méconnaissance d’une partie entière de notre continent.

Tous les trois mois dans une belle revue papier de 208 pages, chaque semaine dans ses newsletters et tous les jours sur son site, Kometa propose des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées pour saisir ce que nous n’avons pas vu se lever à l’Est. En révéler la richesse, les talents et l’incroyable complexité.

L'agenda

Jusqu'au 24 janvier

Le premier numéro de Kometa

Toujours disponible chez votre libraire en France, en Suisse et en Belgique.

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