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Bonjour, c’est Camélia Echchihab. 

Je suis journaliste indépendante, je vis entre Paris et Casablanca. J’aime chanter très fort dans ma voiture, l’odeur de la lessive et les biscuits industriels. Vous pouvez me lire surtout sur Mediapart, pour qui je fais des reportages au Maroc. J’ai fondé Stop féminicides Maroc et créé ma page Instagram : @feminicides.maroc, sur laquelle je sensibilise à la lutte contre les violences patriarcales, et je recense les féminicides dans le royaume.


Mon article dans Kometa: «Moudawana mon amour»

Dans Kometa, c’est la première fois que je publie quelque chose de personnel, écrit avec«je». Je raconte mon retour à Casablanca, après le décès de mon père, survenu en décembre 2020. Je ne suis plus retournée au pays depuis mes 17 ans. Mais j’en ai alors 29, et le Casa de 2020 n’a plus grand-chose à voir avec celui de 2009. Je suis devenue journaliste féministe. Tout ce que je vois, je le questionne sous l’angle du genre.

Au même moment, le Maroc devait voir émerger une réforme tellement nécessaire pour les droits des femmes: celle du code de la famille, ou Moudawana, annoncée par le roi lui-même. 

Promulgué en 1958, ce code qui régit l’héritage, le mariage, le divorce, s’adosse à la jurisprudence musulmane. Originellement, c’est un «code du statut personnel». J’ai 13 ans lorsqu’elle est rebaptisée en 2004 «Code de la famille». Une femme peut enfin se marier sans l’accord d’un tuteur. Elle peut demander le divorce et a droit à une indemnisation. Cette «révolution», on la doit avant tout aux combats des féministes marocaines.

Des avancées trop timides

Mais cette version 2004 contient encore de nombreux archaïsmes. Elle continue de priver les mères d’autorité juridique sur leurs enfants, de marginaliser les mères célibataires, d’autoriser la polygamie masculine et le mariage des enfants. Le Code pénal, lui, criminalise l’avortement, tout comme les relations sexuelles hors mariage.

En décembre dernier, le gouvernement a finalement annoncé le contenu du nouveau texte… et c’est une immense déception. Malgré quelques timides avancées, les femmes ne sont toujours pas égales aux hommes dans leurs droits. Le mariage des mineurs? L’âge de la dérogation sera juste relevé à 17 ans. La polygamie? Toujours autorisée. Pour les mères célibataires, nouvelle humiliation: le test ADN ne pourra toujours pas faire office de preuve. Et l’héritage? Statu quo, les fils sont toujours privilégiés... 

Pour mes amies activistes féministes, et pour moi, c’est intolérable. Je raconte nos batailles.


Retrouvez l'article de Camélia Echchihad dans le 6e numéro de Kometa.

L’info que j’ai retenue pour vous 

En 2025, au Maroc, la liberté d’expression est encore et toujours en danger… 

Des figures du monde journalistique, associatif ou militant s’attirent régulièrement des problèmes judiciaires après avoir enquêté sur le pouvoir, dénoncé la corruption des autorités, ou encore, plus récemment, critiqué la normalisation entre le Maroc et Israël. 

Ce début d’année a été notamment marqué par la condamnation du militant pour les droits humains Fouad Abdelmoumni: six mois de prison ferme et une amende, pour un post Facebook évoquant l’affaire Pégasus – il a fait appel. Quant à l’historien Maâti Monjib, également activiste, il vient d’entamer une grève de la faim, pour contester son empêchement de quitter le territoire marocain.

À lire : cette chronique du journaliste marocain Omar Brouksy sur Mediapart, qui décrit la « vague répressive post-printemps arabe qui s’étend à tout le Maghreb, et qui ne cesse de se durcir ».


La série que je recommande

Severance, la fameuse série de science-fiction dystopique réalisée notamment par Ben Stiller.

C'est l’histoire de Mark Scout, employé chez Lumon Industries. Cette immense firme technologique – une sorte de mix entre un Google et un Big Pharma – fait subir à ses salariés une opération du cerveau qui leur permet de séparer leurs souvenirs professionnels et privés… et donc, de couper leur vie en deux existences qui se succèdent sans jamais se rencontrer. Pour Mark, il s’agit surtout d’échapper, de 9 heures à 17 heures, à l’impossible deuil de son épouse. Une rencontre détonnante entre Black Mirror et The Office qui fait réfléchir sur le monde de l'entreprise... et aussi sur ce que l’on est prêt à sacrifier pour supprimer la douleur.


Le livre que je recommande

Féminicides, une histoire mondiale, sous la direction de Christelle Taraud (La Découverte, 2022). 

Cette historienne française a produit un travail titanesque: elle s’est attelée à retracer l’histoire des féminicides sous toutes leurs formes, sur tous les continents, depuis la Préhistoire jusqu’à aujourd’hui. Résultat: des textes précieux, rédigés par des penseuses du monde entier, qui nous font prendre la mesure de toute la profondeur du patriarcat dans lequel nous vivons. Pour moi, c’est tout simplement un livre d’utilité publique.


A propos de Kometa

Née du choc du retour de la guerre sur le continent européen, Kometa raconte le monde partout où il bascule, de l’intérieur, à travers les regards de celles et ceux qui le vivent. La revue fête sa première année et grandit grâce à vous, en passant de 4 à 6 numéros par an en 2025.

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L'agenda

Jeudi 10 avril 2025

Rencontre avec Etgar Keret

Rencontre entre Raphaëlle Leyris et l'auteur israélien à l’occasion de la parution de son ouvrage Correction automatique (L’Olivier, 2025). Ce roman mêle humour et noirceur à travers des personnages décalés, dont un célibataire fauché, un acteur de téléréalité interdimensionnel et une femme cherchant à convaincre une IA de se suicider. Un grand entretien avec Etgar Keret est à retrouver dans Kometa 6: «Je ne laisse pas les autres me dire qui je suis».


Lundi 14 avril

Rencontre avec Emil Ferris animée par Laure Adler

Emil Ferris revient avec le deuxième tome de Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, poursuivant son exploration de la figure du Monstre. En 2018, son alter ego, Karen Reyes, avait marqué les esprits avec un univers gothique et pop, dessiné au stylo bille.

Cette rencontre, en partenariat avec Kometa, est l’occasion d’échanger sur son œuvre, qui mêle polar, horreur et récit intime. Avec ce nouveau volume, Emil Ferris plonge encore plus profondément dans son monde fascinant et mystérieux.

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