Quand la démocratie recule, ce sont les droits des femmes sont les premiers attaqués. Partout dans le monde, les femmes sont les cibles privilégiées des régimes autoritaires, car elles incarnent une menace : celle de la parole, de la création, de la liberté.
Le Kometa Comedy Club n°2 a voulu prolonger cette réflexion sur scène, en donnant la parole à celles et ceux qui, par leurs mots, leurs actions ou leur humour, font trembler les puissants. Des Pussy Riot aux chanteuses bâillonnées d’Iran, des mèmes ukrainiens à l’art engagé ukrainien, en passant par le Rwanda et résistance LGBTQ+, toutes ont en commun de rire là où on ne veut plus qu’elles parlent.
Temps fort de la soirée, la marraine de notre numéro 7 «Même les tyrans ont peur des femmes», Laure Adler, a évoqué plusieurs femmes «peu ou mal connues mais très dangereuses», des femmes puissantes «contre la dictature et pour la démocratie». Des femmes dangereuses mais qui ont été ou sont en danger aussi : la militante Désirée Véret, fondatrice au XIXe siècle du club de l’Emancipation des femmes et membre de l’Association internationale des travailleurs ; la grande résistante et ethnologue Germaine Tillon ; Zoulikha Bekaddour, ancien membre du FLN qui a lutté pour l'indépendance en Algérie ; la jeune poétesse féministe russe Daria Serenko, qui a été obligée de s'exiler à cause de sa participation au projet « Résistance féministe anti-guerre » né au lendemain de l'invasion de l'Ukraine et pour lequel elle continue de lutter ; Zainab, qui agit dans l'ombre pour l'éducation des filles malgré le retour des talibans en Afghanistan ; sans oublier l'évêque de Washington Mariann Budde, première femme à ce poste, pour son discours à contre-courant de l'idéologie stigmatisante de Trump et devant lui, le lendemain de son investiture. «Les femmes puissantes et les femmes dangereuses sont souvent invisibles, a conclu Laure Adler, mais elles œuvrent dans la société civile et ce depuis 1789, même si on apprend jamais leur histoire dans les manuels scolaires.»