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La semaine dernière, Kometa vous faisait découvrir ses premiers échanges épistolaires entre écrivains de l’Est et de l'Ouest, en l'occurrence la poétesse ukrainienne Luba Yakymtchouk et l’autrice française Blandine Rinkel

Aujourd'hui, Emmanuel Carrère vous raconte pourquoi il a eu envie de partir sur les traces de sa cousine présidente en Géorgie, le premier pays de l'ex-URSS et voisin de la Russie à avoir été attaqué par Vladimir Poutine, en 2008.

Un récit exclusif que vous retrouverez à l'automne, dans le premier numéro de Kometa. 

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Un roman géorgien

Emmanuel Carrère à Tbilissi | © Julien Pebrel

Ma famille maternelle est une drôle de famille. Mon grand-père était géorgien, ma grand-mère russe. Ils ont fui leurs pays après la Révolution de 1917 et connu à Paris, dans les années trente, la vie d’émigrés très pauvres. Sous le nom d’Hélène Carrère d’Encausse, ma mère est devenue une historienne célèbre de l’Union soviétique, puis de la Russie. Elle est, encore aujourd’hui, secrétaire perpétuelle de l’Académie française. Sa cousine Salomé Zourabichvili, pur produit elle aussi de la méritocratie républicaine, a fait une carrière de diplomate qui l’a menée au poste d’ambassadeur de France en Géorgie. Elle était la première de la famille à revenir au pays de nos ancêtres, et cela s’est fait à un moment historique: 2004, la Révolution des Roses et la spectaculaire rupture avec le passé soviétique de Mikheïl Saakachvili (que tout le monde appelle Micha). Chose unique dans les annales diplomatiques, elle est devenue ministre des Affaires étrangères de la Géorgie. Presque vingt ans plus tard, elle est Présidente de la République de Géorgie, à un autre moment historique. En pleine guerre en Ukraine, est-ce que le pays va basculer du côté de l’Europe – comme le désire ardemment la majorité de ses habitants? Ou dans l’orbite poutinienne et post-soviétique – comme semble le vouloir, sans l’avouer, le parti au pouvoir qui porte le nom orwellien de «Rêve géorgien»? Quant à moi, qui ai passé tant d’années à voyager en Russie, écrire sur la Russie, me passionner pour la Russie, j’ai attendu l’âge de 65 ans pour mettre pour la première fois les pieds en Géorgie et y retrouver Salomé dans ses habits de Présidente. Pourquoi ai-je tant tardé, et tant aimé cette découverte tardive? Un ami me propose cette hypothèse: «La Géorgie est un mindfuck sans pareil : belle, folle, tragique, agaçante… À nos âges, la vie devient fade. Tu as bien fait de te garder ça pour le dessert.»

Emmanuel Carrère


Il était une fois la Géorgie

Mate, un jeune berger de Nikozi, a dû fuir l'Ossétie du Sud à cause de la guerre russo-géorgienne en 2008 | © Julien Pebrel

Julien Pebrel a croisé Emmanuel Carrère à Tbilissi, où ils ont partagé, le temps d’une séance de portrait, leur passion pour ce «mindfuck sans pareil» qu’est la Géorgie. Ce «mindfuck» que l’écrivain s’est réservé pour le dessert, Julien Pebrel l’a dévoré en plat de résistance.

C’est à 35 ans, en 2017, que le photographe français, bardé d’un doctorat de Mécanique (c'est de la physique, pas des vidanges) à l'Ecole Normale Supérieure de Cachan, puis formé au photojournalisme à l'EMI CFD à Paris, se met à explorer ce petit pays du Caucase.

Soumise par l'empire russe au XIXe siècle, patrie de Staline puis Riviera des Soviétiques, la Géorgie est une terre de montagnes majestueuses et de villages aux tours moyenâgeuses, de vignes et de vin, de fontaines multicolores, de beauté, de festins, de démesure. Avec des images tout en poésie, brumeuses, nuageuses, Julien Pebrel en explore les failles.

Ses derniers sujets portent sur la manière dont les Russes redessinent les frontières : ils envahissent des régions dont ils reconnaissent ensuite l’indépendance, des gardes apparaissent au milieu d'un champ ou d'un jardin et y installent des kilomètres de barbelés, des tours de surveillance, des systèmes de contrôle. Là où les murs n’existent pas encore, la menace est claire : franchissez la ligne invisible et vous serez arrêté.

A propos de Kometa

À l’origine de Kometa, une envie: comprendre le monde en allant voir là où il bouge. On ironise parfois sur ces Américains qui ne savent pas placer Paris ou Bruxelles sur une carte d’Europe, mais l’invasion russe de l'Ukraine a révélé notre méconnaissance d’une partie entière de notre continent.

Tous les trois mois dans une belle revue papier de 208 pages, chaque semaine dans ses newsletters et tous les jours sur son site, Kometa propose des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées pour saisir ce que nous n’avons pas vu se lever à l’Est. En révéler la richesse, les talents et l’incroyable complexité.

L'agenda

La semaine prochaine...

... nous irons en Hongrie, à la rencontre d'une lycéenne de 18 ans, devenue célèbre en quelques minutes pour avoir déclamé un slam sur scène, un jour de manif contre Viktor Orban.


FIN DE L'ÉTÉ

Préventes

Pour le moment, Kometa existe dans vos boîtes mails et sur les réseaux sociaux. Dès le mois d'août, vous aurez la possibilité de vous abonner et de commander les premiers numéros de la revue. D'ici là, suivez l'actualité du projet grâce à cette newsletter. Si quelqu'un vous l'a fait suivre, vous pouvez vous inscrire ici.


AUTOMNE

Sortie du premier numéro

Le premier numéro de Kometa est prévu pour la rentrée, tout comme le site complet. D'ici là, on vous promet quelques bonnes feuilles et bonnes histoires.

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