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Bonjour, c'est Kometa. Beaucoup de choses aujourd’hui. D'abord, l'un des auteurs de notre 2e numéro, «Liaisons dangereuses» (chez votre libraire le 24 janvier), Sacha Filipenko, sort en français son nouveau livre, Kremulator. Découvrez son travail entre fiction et documentaire sur la grande terreur stalinienne dans les bonnes feuilles que nous publions et son entretien exclusif accordé à Kometa.

Lucas Menget poursuit son reportage en quatre épisodes auprès des «Russes d’Israël, entre deux guerres». Vous découvrirez que les deux coiffeuses les plus cool de Tel-Aviv sont russes et qu'elles pensent que leur pays d'origine s'enfonce dans l'horreur.

À découvrir aussi: les coulisses du récit de la romancière Salomé Kiner, «Contre le meilleur et pour l'Empire», enquête intime sur les amours et déboires russes de sa mère.

Les éditions précédentes de cette newsletter sont accessibles ici. Pour ne pas rater notre prochain numéro (ni les suivants), il suffit de le précommander en ligne ou de vous abonner. Et si vous appréciez, partagez ce mail à vos proches!


«Ne parle pas!»: affiche de propagande soviétique de 1941, à l'origine de la couverture de «Kremulator» de Sacha Filipenko | © RedBubble

«Mon père a été obligé de tourner une vidéo contre moi, je ne lui en veux pas»

Cette semaine, l'écrivain bélarusse Sacha Filipenko était de passage à Paris pour la sortie de son nouveau roman, Kremulator (traduit par Marina Skalova, éditions Noir sur Blanc). En compagnie de son interprète Irina Chunikhina (merci à elle!), il a pris le temps de tout dire à Pierre Benetti, rédacteur en chef adjoint de Kometa, de la situation de son père, arrêté en novembre par la police du dictateur Alexandre Loukachenko. Il commente aussi son texte sur sa ville natale, Minsk, à paraître dans notre 2e numéro. A lire ici, sur notre site.

Comme l'a rapporté Kometa (voir la newsletter du 9 novembre), votre père, ingénieur à la retraite de 62 ans, a été brutalement arrêté en novembre. Où en est-il?

Il a été libéré, mais il ne peut pas sortir du Bélarus, car il n’a pas de passeport assez récent pour obtenir un visa. Son ordinateur a été saisi. A tout moment, il peut être convoqué ou même arrêté de nouveau. Donc mon père est devenu une sorte d’otage. La police lui a dit qu’une enquête criminelle contre son fils était en cours. Il a été obligé de signer le protocole à ma place, mais il n’a pas pu voir à partir de quel article du Code pénal je suis poursuivi… Et puis, il a été forcé d'enregistrer une vidéo où il me répudie et contredit mes engagements contre le régime. Il a d'abord refusé, mais on lui a demandé d’enlever ses chaussures et ses chaussettes. Cela signifiait qu'on allait le torturer. Il a finalement accepté de parler devant la caméra. La vidéo n’a pas été diffusée pour le moment. On ne sait pas ce qu'ils attendent pour le faire. Depuis, mon père se sent très coupable. Je ne lui en veux pas, je lui ai dit qu'à sa place, n’importe qui aurait accepté.

Pourquoi ne veut-il pas partir, comme vous?

Il reste très attaché à son pays, à sa vie là-bas. Déjà que c'est difficile pour des jeunes de s'installer dans un pays étranger, ce serait trop pour lui à son âge. Et puis, il n’a pas très envie d'entendre qu'en tant que Bélarusse, il soutient la guerre en Ukraine... C'est un peu absurde que le régime essaie de m'atteindre à travers lui. Et c’est encore plus injuste, puisqu'il n’a commis aucun délit, aucun crime. Mais c’est une situation très courante pour les Bélarusses. Beaucoup de mes amis ne peuvent se rendre à l’enterrement d’un proche, parce qu'ils pourraient être arrêtés au cimetière. Ils en sont à participer aux funérailles sur Zoom.


De Minsk 2024 à Moscou 1941

Double-page de notre rubrique «Allons-y» à retrouver dans notre second numéro | © Kometa

Après la fraude des élections présidentielles de 2020, les contestations anti-Loukachenko éclatent. Filipenko, investi dans cette lutte depuis son adolescence, est menacé d’arrestation. Contraint de fuir le Bélarus pour la Suisse, c’est depuis ce pays d’exil que l’écrivain nous transporte à Minsk. Vous y découvrirez une ville «où il fait encore bon voyager pour les amateurs de dictatures», un pays où «tous les ouvrages sont permis, sauf la littérature interdite» (dont celle de Filipenko) et où porter des chaussettes ou un vernis rouge et blanc peut conduire à votre arrestation. Une parodie tragi-comique de guide de voyage à lire dans notre rubrique «Allons-y», les fausses pages tourismes de Kometa.

Les images de la photographe bélarusse Lina Dreik (qui signe par la même occasion la couverture de «Liaisons dangereuses») accompagnent son récit. Paolo Woods, directeur photo chez Kometa, vous présentait vendredi dernier son travail sur nos réseaux sociaux.

Que l'on vive à Minsk en 2024 ou à Moscou en 1941, la répression politique est toujours là. Dans son nouveau roman Kremulator, traduit par Marina Skalova (éditions Noir sur Blanc), Filipenko mêle des documents historiques à la fiction. Nous publions sur notre site Internet un extrait inédit de ce roman. L’écrivain décrit le système de répression soviétique dans son fonctionnement ordinaire, mais aussi dans toute son absurdité.

Publier ces bonnes feuilles de Sacha Filipenko illustre l’une des missions que s’est fixée Kometa: partager les écrits d’auteurs en exil ou menacés dans leur pays. Des textes à retrouver dans notre deuxième numéro, «Liaisons dangereuses».

Pour en savoir plus, découvrez le sommaire.


«J’AI PEUR POUR MA MÈRE EN RUSSIE, ELLE A PEUR POUR MOI EN ISRAËL»

Après avoir confessé deux jeunes immigrants de Jérusalem dans son premier chapitre, Lucas Menget poursuit son récit, «Les Russes d’Israël, entre deux guerres».

Anna et Moriya, toutes deux coiffeuses, sont arrivées en Israël avant l'invasion de l'Ukraine. Dans leur salon branché du vieux Tel-Aviv, elles racontent comment deux guerres, celle de Poutine puis celle de Netanyahou, ont bouleversé leur vie. Prochain épisode, la semaine prochaine: une réfugiée du nord d’Israël, originaire d’Ukraine, ne mâche pas ses mots sur la guerre en cours à Gaza.

Les coiffeuses Anna et Moriya. à Tel-Aviv | © compte Instagram anna.moriya

Ma mère, WhatsApp et l'art du récit: dans les coulisses de Kometa n°2

Dans «Pour le meilleur et contre l'Empire», la journaliste et romancière Salomé Kiner raconte le rapport de sa mère, qui a épousé un juif soviétique dissident dans les années 80, avec la langue russe. Comment continuer à aimer la langue d'un pays devenu infréquentable?

Avec «Ma mère, WhatsApp et l'art du récit», Salomé Kiner lève le rideau sur ses échanges avec sa mère (Mamouth de son petit nom), nécessaires à nourrir son récit. Les souvenirs de jeunesse et de mariages s'entremêlent, avec en toile de fond ce questionnement: comment écrire sur et avec quelqu'un de si proche?

Captures d'écran d'une conversation WhatsApp entre Salomé Kiner et sa mère | © S. Kiner, Kometa
Captures d'écrans d'une conversation WhatsApp entre Salomé Kiner et sa mère | © Salomé Kiner/Kometa

Lancement de Kometa n°2

Plus qu'une semaine avant la sortie de notre deuxième numéro. Hier soir, le bar Le 61 à Paris nous ouvrait ses portes pour le présenter. Merci à nos lectrices et lecteurs d'être venus aussi nombreux pour découvrir en avant-première nos «Liaisons dangereuses».

Haydée Sabéran, rédactrice en chef adjointe, et Serge Michel, directeur de la publication, au bar Le 61, le 17 janvier à Paris | © Kometa

A propos de Kometa

À l’origine de Kometa, une envie: comprendre le monde en allant voir là où il bouge. On ironise parfois sur ces Américains qui ne savent pas placer Paris ou Bruxelles sur une carte d’Europe, mais l’invasion russe de l'Ukraine a révélé notre méconnaissance d’une partie entière de notre continent.

Tous les trois mois dans une belle revue papier de 208 pages, chaque semaine dans ses newsletters et tous les jours sur son site, Kometa propose des grands récits littéraires, des photos d’auteurs et des débats d'idées pour saisir ce que nous n’avons pas vu se lever à l’Est. En révéler la richesse, les talents et l’incroyable complexité.

L'agenda

24 janvier

Sortie de «Liaisons dangereuses»

Notre 2e numéro bientôt disponible chez votre libraire.


24 janvier

Parution de «L'entretien d'embauche au KGB»

Un autre de nos auteurs, Iegor Gran, publie son nouveau livre. Lors de l'écriture d'un précédent roman («Les Services compétents», P.O.L, 2020), il avait mis la main sur un document inespéré: «Le Recrutement des agents». Un livret soviétique daté de 1969 qui expliquait étape par étape aux jeunes agents du KGB comment recruter des taupes et des informateurs étrangers. Il en a fait le sujet de «L'entretien d'embauche au KGB» (Bayard Editions), un véritable outil pour comprendre la Russie d'aujourd'hui.


25 janvier, 20h

Soirée-débat autour de Kometa n°2 à la librairie Le Comptoir des Mots (239 rue des Pyrénées, Paris 20e)

En présence du journaliste Pierre Haski, de l'écrivaine iranienne Nasim Vahabi et de la rédaction de Kometa. Inscription conseillée (suivez le lien «En savoir plus»)


8 février, 19h

Rencontre avec Kometa au Théâtre de Vidy, à Lausanne

Nos auteurs et autrices racontent leur travail et débattent autour des «Liaisons dangereuses». Avec notamment l'écrivain russe Mikhaïl Chichkine, la romancière franco-russe Salomé Kiner, l'écrivain bélarusse Sacha Filipenko et l'iranienne Aliyeh Ataei. En partenariat avec les librairies Payot, les éditions Noir sur Blanc et le Théâtre de Vidy. Pour vous inscrire, suivez le lien «En savoir plus».

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